Pneumologie
Tumeurs thymiques : nouvelles recommandations européennes
Grâce à la création de bases de données internationales, les connaissances sur les tumeurs du thymus progressent. Les nouvelles recommandations de l’ESMO font le point sur la prise en charge de ces cancers rares.
- WITT/SIPA
L’European Society for Medical Oncology (ESMO) a récemment publié ses recommandations pour la prise en charge des tumeurs du thymus. Ce sont des cancers rares, 300 cas chaque année en France, dont l’évolution après chirurgie est plutôt favorable avec un risque de rechute très faible. La cause de ces tumeurs et le facteur de risque ne sont pas connus.
Les connaissances sur ces tumeurs peu courantes ont progressé ces dernières années notamment grâce à la création d’une base de données internationale de 10 000 patients. En France, l’INCA a initié le réseau RYTHMIC (rythmic.org) pour coordonner la prise en charge des patients atteints de ces tumeurs. Ce réseau français a produit ses propres recommandations qui ont influencé celles de la Société européenne.
70 % des patients sont opérables
Ces recommandations de l’ESMO mettent en avant l’évolution du système de stadification qui est basé maintenant sur le TNM avec une meilleure définition des patients opérables et de ceux qui ne le sont pas, la survie dépendant principalement de la résécabilité de la tumeur.
Les patients opérables vont bénéficier d’une chirurgie d’emblée éventuellement suivie d’une radiothérapie. Les malades non opérables reçoivent une chimiothérapie d’induction suivie éventuellement, après réévaluation, d’une chirurgie et d’une radiothérapie. Dans les formes avancées qui représentent 30 % des cas, la chimiothérapie est poursuivie, 70 % des patients étant donc opérables.
Thérapies ciblées en vue
Une des nouveautés de ces recommandations est la décroissance des indications de la radiothérapie après résection complète d’un thymome. Il était en effet habituel de réaliser une irradiation du médiastin après la chirurgie pour diminuer les rechutes. Or, la plupart des récidives surviennent dans la plèvre, hors du champ d’irradiation. De plus, l’analyse des bases de données a montré que la radiothérapie post-opératoire n’apportait pas de bénéfice de survie.
En ce qui concerne les récidives et les tumeurs métastatiques, des thérapies ciblées sont actuellement testées et des données cliniques commencent à être disponibles. Les antiangiogéniques, notamment le sunitinib, serait une option de traitement valable, et d’autres stratégies ciblées, par exemple contre mTOR, sont développées.
Maladies autoimmunes associées
Du fait du rôle du thymus dans la maturation et la différenciation des lymphocytes, les thymomes provoquent une dérégulation de ces mécanismes avec un risque de développement d’une maladie autoimmune. En fait, 40 % des thymomes sont associés à ce type d’affection, la plus fréquente étant la myasthénie. C’est pourquoi l’immunothérapie est envisagée avec beaucoup de précautions dans les thymomes. En revanche, dans les carcinomes thymiques qui sont les tumeurs les plus agressives, des essais d’immunothérapie ont commencé en France.
D’après un entretien avec le Pr Nicolas Girard, pneumologue, Hôpital Louis-Pradel, Lyon.
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