Pneumologie

En centre ou à domicile, la réadaptation respiratoire, c'est efficace !

La distinction entre les typologies de patients répondeurs à la  réadaptation respiratoire en centre, à domicile ou en téléréadaptation  est difficile à faire. Donner le choix aux patients permet de limiter le taux d’abandon et ainsi d’améliorer l’efficacité de la réadaptation respiratoire. D’après un entretien avec Sarah GEPHINE.

  • 26 Déc 2024
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    Une étude, dont les résultats sont parus dans CHEST en novembre 2024, a cherché à comparer les réponses des patients à la téléréadaptation à domicile versus la réadaptation respiratoire en centre. Il s’agit d’une étude australienne qui comporte une revue de deux études réalisées par la même équipe en 2017 et en 2022, au cours desquelles les auteurs ont évalué la différence minimale clinique significative entre deux groupes de patients ayant bénéficié d’un type de réadaptation respiratoire ou de l’autre. Les critères d’évaluation étaient la capacité d’exercice avec le test de marche de 6 minutes, la qualité de vie avec le questionnaire Chronic Respiraroty Questionnaire, et la perception de la dyspnée avec le mMRC. Au total, tous les patients inclus ont bénéficié de 8 semaines de réadaptation respiratoire, soit en centre, soit à domicile, avec un suivi par téléphone ou par visioconférence.

     

    Pas de différence dans les répondeurs à la réadaptation

    Le docteur Sarah GEPHINE, chercheure associée à l’Université de Lille et Care Manager à FormAction Santé, à Pérenchies, précise que ce travail a été réalisée par de grandes figures de la téléréadaptation australienne. Les résultats de cette étude ont montré qu’il n’y avait pas de différence entre les répondeurs, que la réadaptation soit réalisée en centre ou en téléréadaptation. En effet, à court terme, 45% des patients répondaient positivement au test de marche de 6 minutes avec une amélioration supérieure à 30 mètres. En revanche à 12 mois, seulement 36% des patients restaient répondeurs. En termes de qualité de vie et de symptomatologie, les résultats étaient sensiblement identiques. Sarah GEPHINE souligne que le taux d’abandon, observé au cours de cette étude, était quatre fois plus élevé lors de la réadaptation en centre versus la téléréadaptation  et que ce résultat était comparable à celui qu’elle observe dans sa pratique clinique à domicile avec FormAction Santé. Les barrières bien connues tels que le transport, la distance avec le centre de réadaptation ou bien la fragilité/fatigabilité des patients peuvent expliquer ce résultat.

     

    Une meilleure réponse quand le patient choisit

    Sarah GEPHINE explique que la téléréadaptation peut donc être un outil intéressant pour une certaine typologie de patients,  mais qu’elle ne doit pas être envisagée comme un substitut à la réadaptation en centre. Le message principal est que les deux formats de réadaptations constituent des solutions complémentaires et qu’aucune typologie de patient n’a encore été définie pour savoir qui serait plus répondeur à une modalité de réadaptation qu’à une autre. Elle précise qu’au cours de cette étude, les patients des deux groupes étaient  similaires en termes de tableau clinique ou phénotypique initial et qu’aucun facteur prédictif n’a pu être identifié. Elle souligne que, le message clé de cet article est de donner le choix aux patients concernant la modalité de réadaptation respiratoire. D’après la littérature et son expérience clinique, elle observe que ce ne sont pas les mêmes personnes qui vont en réadaptation en centre ou à domicile. Des personnes plus jeunes, de sexe féminin, encore actives professionnellement ou bien des patients plus sévères, sous oxygénothérapie et peu mobiles font bien souvent le choix de la réadaptation à domicile ou téléréadaptation. Il est donc primordial de proposer une diversité de modalité aux patients afin de favoriser la participation et l’adhérence au programme.

     

    En conclusion, l’efficacité de la réadaptation ne dépend pas de sa modalité mais plutôt du choix initial du patient. Des facteurs caractéristiques, pouvant orienter le choix des patients, ont été mis en évidence. Toutefois, des typologies de répondeurs en fonction de la modalité de la réadaptation n’ont pas été étudiées.   De nouveaux travaux de cohortes sont nécessaires afin de mettre en lumière des facteurs prédictifs de réponse en fonction de la modalité du programme.

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