Pneumologie

Asthme sévère : identifier des clusters en croisant l’imagerie et les marqueurs biologiques

Croiser les clusters radiologiques avec les données omics pourrait être un moyen innovant d'explorer l'hétérogénéité de l'asthme sévère et d’explorer les trajectoires des patients, afin de personnaliser davantage la prise en charge thérapeutique. D’après un entretien avec Pascal CHANEZ.

  • 26 Déc 2024
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    Une étude, dont les résultats sont parus en octobre 2024, dans, l’European Respiratory Journal, a cherché à élaborer des clusters de patients atteints d’asthme sévère en croisant l’imagerie par tomodensitométrie thoracique et les voies moléculaires. Pour cela, les auteurs ont utilisé deux cohortes indépendantes de patients asthmatiques sévères : la cohorte U-BIOPRED et la cohorte ATLANTIS. Au total,105 patients issus de la cohorte U-BIOPRED ont été inclus. Ils ont bénéficié du scanner thoracique et de prélèvements sanguins, d’expectorations, de brossages bronchiques et nasaux. La transcriptomique et la protéomique du sang et des expectorations ont été croisées avec les mesures obtenues à la tomodensitométrie thoracique. Un sous échantillon de 97 patients issus de la cohorte ATLANTIS a été ensuite apparié pour former des clusters.

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    Trois clusters identifiés

     

    Le professeur Pascal CHANEZ, pneumologue au centre de recherche sur l’asthme, à l’Hôpital Nord de Marseille, et auteur de ce travail, explique que les clusters ont été réalisés à partir d’une analyse quantitative des images tomodensitométriques avec la mesure de l’épaissement des voies aériennes distales et le piégeage gazeux, qui sont le reflet de ce qui se passe dans les voies aériennes distales. De cette analyse, sont sortis trois clusters différents. Le premier regroupe des femmes, avec un surpoids, peu d’obstruction bronchique, une tomodensitométrie morphologiquement normale mais avec une activation du complément au bilan biologique. Le deuxième cluster comportait des sujets ayant un épaississement bronchique important et des dilatations au scanner thoracique, avec des sémaphorines diminuées. Le troisième cluster comprenait des patients ayant une obstruction bronchique persistante, avec un piégeage important à l’imagerie avec une régulation positive des voies de l’interleukine et des métallopeptidases 1,2 et 9.

     

    Une autre façon de voir l’asthme sévère

     

    Pascal CHANEZ précise que la cohorte U-BIOPRED permet une approche non biaisée de l’hétérogénéité de l’asthme sévère. Toutes les caractéristiques des patients y sont prises en compte, y compris l’imagerie. Il souligne que l’intérêt de ce travail est d’avoir inclus l’imagerie dans des clusters qui se ressemblent. Il explique que si l’on observe une cohorte de sujets sélectionnés différemment, ils finissent pas se retrouver dans l’un des ces trois clusters, ce qui apporte une  validité à  cette étude. Pascal CHANEZ explique que l’idée de placer les patients dans des clusters, est d’observer leurs trajectoires, de voir si elles sont identiques au sein d’un même cluster et si cela pourrait avoir un sens dans le choix de l’attitude thérapeutique. Ce travail ne fournit pas encore la réponse à cette question.

     

     

    En conclusion, cette étude apport une nouvelle vision de l’asthme sévère qui permet de comprendre encore mieux la physiopathologie de la maladie et qui pourrait modifier les prises en charge thérapeutiques des patients en fonction de leur profil, dans l’objectif d’une personnalisation des traitements encore plus aboutie qu’elle ne l’est actuellement.

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