Rhumatologie

Arthrose de hanche : pas d’intérêt à retarder la prothèse totale

Chez les patients de 50 ans et plus atteints de coxarthrose sévère, une étude randomisée multicentrique démontre que la prothèse totale de hanche offre une amélioration significative de la douleur et des capacités fonctionnelles par comparaison à un programme de renforcement musculaire.

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  • 02 Nov 2024
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    L'arthrose de la hanche est une cause majeure de handicap, touchant 33 millions de personnes dans le monde. La probabilité au cours de sa vie d’avoir une prothèse totale de hanche varie de 8 à 16 % en Europe et en Australie. Bien que cette intervention soit efficace pour soulager la douleur et améliorer les capacités fonctionnelles, les données issues d'essais randomisés comparant son efficacité à des traitements non chirurgicaux font défaut.

    Une étude récente a comparé la prothèse totale de hanche à un programme de renforcement musculaire isométrique contre résistance chez des patients de 50 ans et plus atteints d'arthrose sévère avec indication chirurgicale posée. Les résultats, publiés dans le New England Journal of Medicine, montrent que la chirurgie apporte une amélioration cliniquement significative de la douleur et de la fonction à 6 mois, mesurée par le score Oxford de la hanche.

    Réduction de la douleur et amélioration du handicap

    Dans cet essai contrôlé randomisé multicentrique, 109 patients ont été répartis en deux groupes : 53 ont reçu une prothèse totale de hanche et 56 ont suivi un programme de renforcement musculaire isométrique. À 6 mois, l'augmentation moyenne du score Oxford de la hanche est de 15,9 points dans le groupe chirurgie, contre 4,5 points dans le groupe renforcement (différence de 11,4 points ; IC à 95 % : 8,9 à 14,0 ; p < 0,001).

    Par ailleurs, 9 % des patients assignés à la chirurgie n'ont pas été opérés, tandis que 21 % de ceux assignés au renforcement ont finalement subi une prothèse totale de hanche, ce qui sous-estime probablement la différence objectivée entre les groupes. L'incidence des événements indésirables graves à 6 mois est similaire entre les deux groupes, la majorité étant des complications connues de la chirurgie.

    Une étude randomisée en ouvert

    Cette étude, menée sans aveugle, a inclus des patients de 50 ans et plus souffrant d’une arthrose sévère de la hanche avec indication opératoire. Le critère principal était la variation du score Oxford de la hanche à 6 mois qui mesure l’évolution de la douleur et des capacités fonctionnelles. Seulement 14 % des patients éligibles ont été inclus, ce qui peut limiter la généralisation des résultats même si la représentation des différents sous-groupe semble en rapport avec le profil. De plus, l'absence de double aveugle peut avoir entraîné une surestimation des effets des traitements. Néanmoins, les caractéristiques démographiques des participants étaient similaires à celles observées dans les populations subissant une prothèse de hanche à l'échelle mondiale, renforçant la validité externe de l'étude.

    Ces résultats soutiennent les recommandations actuelles qui préconisent la prothèse totale de hanche chez les patients atteints d'arthrose sévère avec indication chirurgicale. Ils soulignent également l'importance d'informer les patients des bénéfices attendus de la chirurgie par rapport aux traitements non chirurgicaux tels que le renforcement musculaire. Toutefois, le renforcement musculaire peut rester une option viable pour certains patients, notamment ceux qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas être opérés, et peut contribuer à une meilleure récupération postopératoire.

    En pratique

    Chez les patients de 50 ans et plus atteints d'arthrose sévère de la hanche avec une indication chirurgicale posée, la prothèse totale de hanche offre une amélioration supérieure et cliniquement significative de la douleur et de la fonction à 6 mois par rapport au renforcement musculaire chez la majorité des patients.

    Bien que ces résultats favorisent le traitement par prothèse totale de hanche pour la plupart des critères, ils ne sont pas en contradiction avec l'utilisation de l'entraînement contre résistance en tant que traitement initial.

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