Pneumologie
Corps étrangers intratrachéaux de l’enfant : intérêt de la fibroscopie souple
La fibroscopie souple permet autant l'extraction des corps étrangers intratrachéaux de l'enfant que la fibroscopie rigide. Elle nécessite toutefois une décision collégiale et un travail d’équipe. Elle doit être proposée dans tous les cas de syndrome de pénétration, même si l’enfant va bien. D’après un entretien avec Michael FAYON.
Une étude, dont les résultats sont parus en juillet 2024, dans les Archives de Pédiatrie, a cherché à évaluer l’efficacité et la sécurité de la fibroscopie souple, dans l’extraction des corps étranger intratrachéaux de l’enfant. Il s’agit d’une étude rétrospective tunisienne, monocentrique, au cours de la quelle les auteurs ont analysé les dossiers des enfant admis pour un diagnostic de corps étranger intratrachéal entre janvier 2012 et décembre 2022. Au total, 105 enfants ont été inclus, avec un âge moyen de 32 mois. Trente-sept enfants ont d’abord subi une fibroscopie rigide. La fibroscopie flexible a permis l’extraction d’un corps étranger intratrachéal chez 99 enfants, soit à l’aide d’un masque laryngé (77 cas) soit avec une intubation.
Un message convaincant et une décision collégiale
Le professeur Michael FAYON, pneumo-pédiatre à l’Hôpital Pellegrin-Enfants, du Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux, estime que le message transmis par les résultats de cette étude est convaincant, d’autant plus que la fibroscopie souple est déjà largement réalisée dans le service de pneumo-pédiatrie de Bordeaux . En effet, la fibroscopie rigide y est utilisée dans moins de 5% des cas, alors que dans l’étude tunisienne, elle est programmée en première intention dans 35,2% des cas, et également souvent utilisée en Allemagne. Selon Michael FAYON, le message principal est que la bronchoscopie flexible est une technique adaptée à l’extraction des corps étrangers intratrachéaux de l’enfant. Si cela ne représente pas un « scoop », c’est au moins un argument pour changer de pratique puisque la fibroscopie souple est plus rapide, permet d’aller plus loin, est plus facile techniquement et mieux tolérée. De plus, Michael FAYON explique que l’enfant a la possibilité de repriser lors de la fibroscopie souple, avec un masque laryngé ou en intubation avec une sonde, lorsque les corps étrangers peuvent être blessants pour les voies respiratoires. Il précise toutefois, que le choix de réaliser une fibroscopie souple doit faire l’objet d’une décision collégiale puisqu’elle nécessite l’accord de l’anesthésiste, qui va poser le masque. Il s’agit d’un travail à quatre mains alors que la fibroscopie rigide peut s’effectuer par le pneumologue seul.
Faire la fibroscopie dans tous les cas de syndrome de pénétration
Michael FAYON souligne qu’en présence d’un syndrome de pénétration qui a provoqué toux, cyanose et gêne respiratoire, et que tout est redevenu normal, une fibroscopie souple peut être effectuée, car son rendement est d’un cas sur deux. Il faut préférer une brève anesthésie et une courte fibroscopie plutôt que de laisser traîner, même si l’enfant va bien. Même si c’est une fibroscopie souple pour rien, il est préférable de la réaliser puisqu’un enfant sur deux est porteur d’un corps étranger intratrachéal. C’est une procédure efficace et sûre lorsqu’elle est réalisée par une équipe expérimentée, l’anesthésie pédiatrique ayant beaucoup progressé au cours des dernières décennies. Michael FAYON conclue en citant le développement de la cryosonde, qui représenterait une technique d’avenir.
En conclusion, la fibroscopie souple est une technique efficace et sécurisante pour l’ablation des corps étrangers intratrachéaux de l’enfant. Elle doit être effectué devant tout syndrome de pénétration, même face à un état clinique satisfaisant car son rendement est élevé. De nouvelles technologies devraient encore améliorer la pris en charge de ces accidents, ce qui, malgré tout, ne dispense pas d’inciter, encore et toujours, les parents à la prévention…