Pneumologie
Rechercher les expositions domestiques en cas de pneumopathie interstitielle ou d’hypersensibilité !
Les expositions domestiques aux poussières organiques et aux endotoxines représente un facteur associé aux pneumopathies interstitielles diffuses non limitées aux pneumopathies d'hypersensibilité. Une étude dont les résultats confortent la nécessité d’un interrogatoire environnemental précis. D’après un entretien avec Aurélien JUSTET.
Une étude, dont les résultats sont parus en juin 2024 dans Thorax, a cherché à évaluer le lien existant entre l’exposition aux poussières organiques, aux endotoxines et au bois et le développement d’une pneumopathie interstitielle ou d’hypersensibilité. Il s’agit d’une étude danoise, issue d’un registre de patients identifiés comme atteints de pneumopathie interstitielle ou de pneumopathie d’hypersensibilité, entre 1994 et 2015, parmi tous les résidents du Danemark nés en 1956 ou après et ayant exercé une activité lucrative au moins 1 an depuis 1976. Les auteurs ont quantifié l’exposition professionnelle avec des matrices d’exposition au travail qui ont été utilisées de 1976 à 2015 et qui ont permis d’associer cette exposition avec le risque de développer une pneumopathie interstitielle ou d’hypersensibilité.
Un volumineux travail et des résultats solides
Le docteur Aurélien JUSTET, pneumologue dans le service de Pneumologie, du Centre Hospitalier Universitaire de Caen, félicite ce travail qui exploite un très grand nombre de données, sur une longue durée de suivi. Il précise que l’intérêt de ce travail réside dans le fait que les auteurs se sont focalisés sur plusieurs composantes, en terme d’exposition. Ils ont pris en compte l’exposition aux composés organiques, comme les plumes, les déjections d’oiseau ou encore les pollens, ainsi qu’à l’exposition aux endotoxines, issues de bactéries gram négatives. Ils ont, d’autre part, évalué l’exposition au bois, de manière générale, sans préciser le type de bois ni son état d’humidité. Aurélien JUSTET souligne l’importante quantité de données, puisque près de 3 millions de données ont été exploitées, et la solidité de cette étude, le risque ayant été ajusté en termes d’âge, de sexe…
De l’importance de l’interrogatoire environnemental
Aurélien JUSTET explique que le principal résultat est que les études statistiques ont montré l’existence d’une relation significative et d’une corrélation entre l’exposition aux poussières organiques et/ou aux endotoxines et la survenue de pneumopathie d’hypersensibilité, ce résultat étant identique avec les autres pneumopathies interstitielles. En effet, 411 cas de pneumopathie d’hypersensibilité ont été diagnostiqués et plus de 6000 cas d’autres pneumopathies interstitielles, ce qui correspond à une incidence de 0,8 pour100 000 personnes-année pour les pneumopathies d’hypersensibilité et de 14,5 pour 100 000 personnes années pour les pneumopathies interstitielles diffuses. En revanche, il n'avait pas d’augmentation du risque de pneumopathie interstitielle avec l’exposition au bois mais ce résultat est limité par l’absence de caractéristiques précise sur le bois, niveau d’humidité, présence de moisissures …). Aurélien JUSTET estime que le point fort de ce travail est que très peu d’études ont jusque-là mesuré de manière aussi claire, le lien entre le niveau d’exposition aux composés organiques et l’incidence des pneumopathies interstitielles et d’hypersensibilité. Il conclue donc qu’il est nécessaire d’être très pointilleux sur l’interrogatoire environnemental lors de la découverte d’une pneumopathie interstitielle ou d’hypersensibilité
En conclusion, cette étude est la première qui montre le lien entre deux types d’exposition, que sont les poussières organiques et les endotoxines et le risque de développer une pneumopathie interstitielle ou d’hypersensibilité Le lien entre l’exposition et l’aggravation de la maladie n’a pas été évalué dans ce travail, mais d’autres études iront très probablement dans ce sens…