Pneumologie

Longueur des télomères et prise en charge des PID

La mesure de la longueur des télomères dans les pneumopathies interstitielles diffuses impacte la prise en charge en vraie vie. Elle pourrait représenter un biomarqueur qui influencerai le choix entre immunosuppresseurs et anti-fibrosants. Une étude randomisée permettrait de conforter cette hypothèse. D’après un entretien avec Bruno CRESTANI.

  • 08 Aoû 2024
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    Une étude, dont les résultats sont parus en juillet 2024 dans CHEST, a cherché à mesurer l’impact de la mesure des télomères sur la prise ne charge de pneumopathies interstitielles diffuses. Il s’agit d’une étude américaine  pour laquelle 108 patients atteints de pneumopathie interstitielle diffuse ont subi des test par cyrtométrie de flux et hybridation situ par fluorescence, appelés FlowFISH, qui ont permis de mesurer la longueur de leurs télomères, dans les lymphocytes et les granulocytes. Les télomères étaient considérés comme courts lorsqu’ils étaient inférieurs au dixième percentile. La mesure a été ajustée en fonction de l’âge, pour les deux types de cellules. Les antécédents familiaux des sujets ont également été pris en compte et les patients qui avaient des télomères courts  ont pu bénéficier d’un conseil génétique et d’autres évaluations.

     

     

    Des patients déjà suspects de téloméropathie

     

    Le professeur Bruno CRESTANI, chef du service de Pneumologie, de l’Hôpital Bichat-Claude Bernard à Paris, souligne que cette étude a été réalisée par une excellente équipe, dont les auteurs ont participé à la découverte des téloméropathies. Il  rappelle que la longueur des télomères est typiquement un biomarqueur dont on pense qu’il pourrait être intéressant dans la prise en charge des fibroses pulmonaires. Il persiste le problème de la technique de mesure des télomères, qui est un facteur limitant, car la technique utilisée dans cette étude, le flow FISH, est la technique de référence mais elle est très peu diffusée. De plus, elle doit être réalisée sur du sang frais, sans période de stockage. Lorsque l’on mesure les télomères, il est nécessaire d’avoir une population de référence, pour apparier en fonction de l’âge et du sexe, puisque le vieillissement diminue la longueur des télomères. Le seuil du dixième percentile est le seuil habituellement utilisé.  Bruno CRESTANI précise que les 108 patients inclus dans cette modeste cohorte avaient, pour la moitié d’entre eux,  une histoire familiale de fibrose pulmonaire. Il s’agissait donc de patients préalablement triés, constituant une population enrichie en patients suspects de téloméropathies. En effet, certains d’entre eux en avaient des signes , comme les cheveux gris avant l’âge de 30 ans, avec des signes de cirrhose ou des anomalies hématologiques. Pour Bruno CRESTANI, cela ne représente pas une population de base d’une consultation de pneumologie. Les résultats de ce travail ont montré que 46% de patients avaient des télomères courts, donc avaient un risque plus important d’avoir des anomalies cliniques, ce qui était attendu et cohérent pour ces patients déjà suspects.

     

     

    Un impact sur le choix de la thérapeutique

     

    Bruno CRESTANI explique que l’intérêt de connaitre la longueur des télomères des patients est que le fait d’avoir des télomères courts influence la prise en charge et les décisions thérapeutiques. En effet, ce travail rétrospectif a montré que, si la longueur des télomères est inférieure au dixième percentile et que le patient présente une pneumopathie d’hypersensibilité fibrosante ou une fibrose pulmonaire inclassable, la prise d’immunosuppresseurs entraine une dégradation plus rapide. Ces traitements sont donc à éviter dans de tels cas.  Bruno CRESTANI rappelle que les auteurs de ce travail avaient déjà montré que les patients ayant des télomères courts avaient plus souvent des mutations sur les gènes associés aux télomères, ce qui a orienté leur recrutement. Bruno CRESTANI explique toutefois que cela  illustre la tendance selon laquelle la mesure des télomères influence la prise en charge thérapeutique. Les anti-fibrosants sont indiqués chez les sujets ayant des télomères courts. En revanche, la longueur des télomères n’influence pas  la prise en charge des patients atteints de connectivites.

     

     

    En conclusion, ce travail, réalisé par une équipe très performante, dont les résultats, même s’ils sont peu surprenants puisqu’ils sont spécifiques d’un recrutement particulier, apportent une pièce supplémentaire dans le puzzle. Une étude randomisée serait nécessaire pour confirmer ces résultats.

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