Pneumologie
Association amivantamab-lazertinib, la nouvelle première ligne des cancers bronchopulmonaires mutés EGFR avancés ?
Une étude de phase 3 a montré l’efficacité de l’association amivantamab-lazertinib dans le traitement de cancers bronchiques non à petites cellules au stade métastatique, au prix d’une toxicité cutanée significative, mais qu’il est sûrement possible d’anticiper et de prendre en charge préventivement. Des résultats très prometteurs. D’après un entretien avec Nicolas GIRARD.
Une étude, dont les résultats sont parus en juin 2024 dans le New England Journal of Medicine, a cherché à démontrer l’efficacité de l’association amivantamab-lazertinib dans la prise en charge des cancers bronchiques non à petites cellules métastatiques mutés EGFR. Il s’agit d’un essai randomisé international de phase 3. Au total, 1074 patients ont été inclus et randomisés en trois groupes. Le premier groupe, constitué de 429 patients, a reçu l’association amivantamab-lazertinib, le deuxième groupe, composé de 429 patients, a reçu de l’osimertinib et le troisième groupes de 216 patients a reçu du lazertinib. Le critère d’évaluation principal était la survie sans progression. Les auteurs précisent que les traitements par osimertinib et lazertinib étaient réalisés en aveugle.
Historique de la mutation EGFR
Le professeur Nicolas GIRARD, professeur des Universités en Pneumologie à l’Université Versailles Saint Quentin - Paris Saclay, et coordinateur de l’Institut du Thorax Curie-Montsouris, rappelle que la mutation EGFR est la première mutation à avoir été découverte, en 2004, dans les cancers bronchiques. Les premiers traitements permettant d’éteindre l’interrupteur réactivé par la mutation EGFR ont été découverts en 2009. Cette mutation existe dans 15% des cancers bronchiques non à petites cellules. Ces traitements ciblés se sont avérés moins toxiques et plus efficaces que la chimiothérapie classique. Mais Nicolas GIRARD, souligne que cette efficacité n’est pas éternelle et que des mécanismes de résistances, similaires à ceux des antibiotiques, apparaissent, ce qui entraine une reprise de la chimiothérapie par la suite. Toutefois, grâce à cette prise en charge, la médiane de de survie, au stade métastatique est passée d’un à 3,5 ans. Il précise que l’osimertinib est utilisé chez les patients métastatiques mais il l’est également pour les patients porteurs d’une tumeur à un stade plus précoce et opérable, en traitement adjuvant, qui permet de retarder les rechutes.
Tout se joue sur la toxicité
Nicolas GIRARD explique que, pour allonger la durée d’efficacité des traitements ciblés, la combinaison de deux de ces traitements, représentés par l’amivantamab et le lazertinib peut être intéressante. En effet, le lazertinib, proche de l’osimertinib, a une action à l’intérieur des cellules, alors que l’amivantamab a une action extra-cellulaire. L’hypothèse est donc que cette association aurait plus de puissance et permettrait d’allonger l’efficacité du traitement de plus de 6 mois. Ce bénéfice apparaitrait chez presque tous les patients. Les autres alternatives, comme l’association chimiothérapie et osimertinib, donne des résultats similaires et ce qui fait la différence, est la toxicité. L’association amivantamab et lazertinib a une toxicité cutanée significative, à type d’acné sévère, alors que l’association de l’osimertinib avec la chimiothérapie apporte tous les effets indésirables inhérents à la chimiothérapie. Nicolas GIRAD précise donc que la mise en route d’un traitement préventif des lésions cutanées, par une équipe pluridisciplinaire rend la proposition amivantamab-lazertinib très intéressante.
En conclusion, ces résultats sont très prometteurs et Nicolas GIRARD espère que le Congrès Européen d’Oncologie, qui aura lieu en septembre 2024, pourra transmettre que cette association allonge la survie globale, ce qui permettrait d’obtenir une approbation européenne et le remboursement de l’association amivantamab-lazertinib par le système de santé français…