Pneumologie
Asthmes très sévères : il y avait un intérêt à la thermoplastie bronchique !
La thermoplastie bronchique aurait pu encore rendre service dans certains asthmes sévères avec exacerbations très fréquentes. Cela a encore été démontré dans une étude récente. Malheureusement, cette technique a été abandonnée en raison d’un rapport coût-efficacité peu favorable. D’après un entretien avec Frédéric DE BLAY.
Une étude dont les résultats sont parus en juin 2024 dans Respiratory Medicine and Research, a cherché à évaluer l’efficacité de la thermoplastie bronchique dans une population de patients asthmatiques très sévères, ayant des exacerbations fréquentes. Pour cela les auteurs ont inclus trente patients asthmatiques, GINA 5, ayant présenté au moins quatre exacerbations sévères au cours de l’année précédente. Ils ont été randomisés en deux groupes de 15 patients, dont l’un a bénéficié de thermoplastie bronchique et l’autre représentait un groupe témoin. Les patients ont ensuite bénéficié d’une visite à 3,6,9 et 12 mois après la thermoplastie. Le critère de jugement principal était le nombre d’exacerbations survenues à 12 mois après la thermoplastie, ce qui correspond à 15 mois après l’inclusion.
Un dernier papier sur la thermoplastie
Frédéric DE BLAY, chef de service de pneumologie, asthme et allergologie des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, et auteur de ce travail, explique que cette étude est la seule étude européenne évaluant l’efficacité de la thermoplastie. Les résultats ont été agréablement surprenant puisque les patients asthmatiques sévères, ayant bénéficié d’une thermoplastie ont eu moins d’exacerbations et ont consommé moins de corticoïdes. Frédéric DE BLAY précise que la thermoplastie bronchique n’est plus pratiquée et que c’est probablement le dernier article publié sur le sujet, alors qu’elle représente une alternative intéressantes pour les patients asthmatique très sévères, après échec de la biothérapie. La thermoplastie bronchique représente une technique efficace et souvent pratiquée avec succès chez les asthmatiques extrêmement sévères. Il insiste sur le fait que la thermoplastie est le seul traitement qui reste à ces patients qui sont en échec avec toutes les autres prises en charge et il exprime quelques regrets car cela leur permettait d’avoir moins d’exacerbations et de moins consommer de corticoïdes.
Une technique efficace qui n’est plus utilisée
Frédéric DE BLAY précise que la thermoplastie bronchique a été abandonnée car c’est une technique très coûteuse, le geste avoisinant les 15 000 euros. Il n’existe donc pas de marché au niveau mondial pour son utilisation. Elle a été peu développée en France, essentiellement sur des centres de Paris, Marseille et Strasbourg. Il explique que, dans ce travail, il n’y a pas eu d’évaluation coût efficacité et que les études qui l’avaient exploré ont trouvé des résultats peu probants. Frédéric DE BLAY se pose l’a question d’une éventuelle reprise de la thermoplastie bronchique, peut-être sous condition d’avoir un coût moins élevé, cette technique restant une technique de choix pour quelques patients très sévères en échec de tout traitement.
En conclusion, l’efficacité de la thermoplastie bronchique chez les patients asthmatiques très sévères a encore une fois été démontrée mais son coût élevé a fait disparaitre cette technique des quelques centres où elle était pratiquée. Un grand dommage pour ces patients en échec de traitement…