Pneumologie
En centre ou en mode hybride, adressons les patients en réadaptation respiratoire !
La réadaptation respiratoire conventionnelle, en centre, et la réadaptation hybride, alternant séances en centre et séances chez un kinésithérapeute de proximité, ont montré une efficacité similaire, ce qui permet d’augmenter les choix proposés aux patients et ainsi, de promouvoir la réadaptation respiratoire, encore trop peu exploitée. D’après un entretien avec Frédéric Costes.
Une étude, dont les résultats sont parus en mai 2024 dans l’European Respiratory Journal Open Research, a cherché à comparer l’efficacité de la réadaptation respiratoire effectuée exclusivement en centre spécialisé, dite fonctionnelle, à la réadaptation respiratoire en mode « hybride », comprenant une séance hebdomadaire en centre et deux séances hebdomadaires chez un kinésithérapeute de proximité. Les auteurs ont inclus, au total, 258 patients atteints de BPCO et ils ont appariés 44 patients de chaque groupe de réadaptation. Ils ont considéré que les séances étaient intégralement réalisées lorsque 70% d’entre elles étaient effectuées. Les patients avaient le choix de changer de programme s’ils le souhaitaient. Six patients sont restés dans le groupe conventionnel. La capacité d’exercice a été comparée dans les deux groupes, avec des marges d’équivalence de plus ou moins 30 mètres. Les auteur ont également comparé et analysé les résultats cliniques, l’accessibilité et l’observance.
Pas de différence significative entre les deux prises en charge
Le professeur Frédéric COSTES, responsable du service Plateforme Mobilité, au Centre Hospitalier Universitaire de Clermont-Ferrand, explique que ce travail, réalisé entre les deux grandes vagues d’épidémie de COVID-19, est une comparaison historique et n’a pas la solidité d’une étude randomisée. Il souligne également que les auteurs n’ont pas précisé si les programmes étaient équivalents en contenus, pour les deux modes de réadaptation respiratoire. Le volume d’entrainement était de 6 heures hebdomadaires pour le programme conventionnel, en centre, et de 3 heures hebdomadaires, pour le programme hybride. Frédéric COSTES précise que le point positif de cette étude a été de montrer que le bénéfice était équivalent sur la capacité physique, voire supérieur pour le mode hybride puisque les patients ont gagné 63 mètres au test de marche en mode hybride versus 39 mètres en mode conventionnel. Toutefois, il relève, qu’en reprenant le processus de matching sur l’intégralité de la base de données, ces résultats sont inversés, ce qui l’amène à conclure qu’il n’y a pas de différence significative en terme de bénéfice , ni en terme de qualité de vie entre les deux modes de réadaptation respiratoire. Concernant le taux de réalisation, les séances ont été réalisées presque intégralement de la même manière pour les deux programmes, les patients qui ont interrompu leur prise en charge l’ayant fait pour raison médicale. Il n’y a donc pas de différence dans la proposition, les deux prises en charge sont équivalentes en terme de capacité physique et en terme d’adhésion.
Un signal intéressant mais qui ne répond pas totalement à la question
Frédéric COSTES souligne que la prise en charge hybride ne correspond pas exactement à la définition, puisqu’elle est réalisée par un professionnel de santé, ce qui, en France, représente une prise en charge classique. Le mode hybride correspondrait plutôt à une séance en centre accompagnée de téléréadaptation, ce qui n’est pas le cas dans cette étude. Frédéric COSTES explique que, pour des patients qui ne souhaitent pas se déplacer dans un centre, cette prise ne charge « hybride » permet d’avoir d’autres actions que le réentrainement à l’effort, ce qui améliore la cohésion et le suivi. Il conclue donc que les résultats de cette étude représentent signal intéressant mais ne répondent pas totalement à la question de l’ efficacité unanime , pour chacun des patients.
En conclusion, la réadaptation respiratoire en mode « hybride », en alternant centre spécialisé et professionnel de proximité, représente une alternative de plus à proposer mais la question de l’efficacité comparée à celle de la réadaptation respiratoire conventionnelle en centre exclusivement, n’est pas résolue. D’autres travaux, hors périodes covid-19, sont encore nécessaires….