Pneumologie

BPCO et béta bloquants : pourquoi pas mais pas en prévention des exacerbations

Les bétabloquants ne préviendraient pas les exacerbations de la BPCO mais ils ne sont pas à risque chez les patients atteints de BPCO. Il y aurait même un bénéfice lié à la mortalité par BPCO. La prescription en cas d’indication cardio-vasculaire ou de nécessité n’est donc pas à discuter. D’après un entretien avec Maeva ZYSMAN.

  • 27 Jun 2024
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    Un étude, dont les résultats sont parus en mai 2024, dans le JAMA, a cherché à évaluer si le bisoprolol avait un intérêt dans la prévention des récidives d’exacerbations modérées à sévères chez les patients atteints de BPCO. Il s’agit d’une étude multicentrique réalisée en Grande-Bretagne, incluant des patients issus de soins primaires pour la moitié d’entre eux, de structures de soins secondaires et de soins tertiaires. Il s’agissait donc de patients BPCO tout-venants. Les critères d’inclusion étaient une BPCO modérée, avec un VEMS inférieur à 80% et la présence d’au moins deux épisodes d’exacerbations dans l’année précédente. Les patients ayant besoin de bisoprolol pour une indication cardio-vasculaire ont été exclus. Environ 500 patients ont été inclus, même si les objectifs de volume de la cohorte n’ont pas été atteints en raison de l’interruption temporaire de l’étude pendant la pandémie de COVID-19.

     

     

    Pas de bénéfice  des béta bloquants sur le risque d’exacerbation

     

    Le docteur Maeva ZYSMAN, chef de service adjointe dans le service de pneumologie du Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux, rappelle qu’une précédente étude avait déjà évalué la question du rôle des bêtabloquants sur la prévention des récidives d’exacerbations des patients atteints de BPCO, en utilisant du métoprolol et qu’aucun bénéfice n’avait été retrouvé. Il existait même un signal en faveur d’un danger. Elle explique que l’étude actuelle est intéressante car les auteurs ont utilisé un autre béta bloquant,  le bisoprolol. Les résultats de ce travail ont confirmé ceux de l’étude antérieure, à savoir qu’il n’existe pas de bénéfice en termes de diminution du risque d’exacerbation modérée à sévère chez les patients atteints de BPCO, bénéficiant d’un traitement par bisoprolol.

     

     

    Un bénéfice sur la mortalité liée à la BPCO ?

     

    Maeva ZYSMAN souligne que les auteurs de ce travail ne s’en sont pas tenus à ces résultats négatifs car ils ont démontré qu’il n’y avait toutefois pas de surrisque à prescrire du bisoprolol aux patients atteints de BPCO. L’objectif secondaire de cette étude était de monter qu’il existait un bénéfice sur la mortalité par BPCO mais pas sur la mortalité toutes causes confondues. Concernant ce critère secondaire, les résultats ont été positifs. Maeva ZYSMAN précise que la seule limite serait un « mini-risque » d’augmentation de la dyspnée. Pour elle, la prescription de bétabloquants, notamment de bisoprolol, chez les sujets atteints de BPCO n’est donc pas à risque et doit être faite san hésitation en cas d’indication cardio-vasculaire, le risque sur la mortalité n’étant pas augmenté, en gardant à l’esprit que l’objectif n’est pas de limiter les exacerbations.

     

     

    En conclusion, la prescription de bisoprolol chez les paient atteints de BPCO n’ a pas d’intérêt en prévention de la récidive d’exacerbations mais il aurait un rôle intéressant sur la mortalité par BPCO. Sa prescription, en cas de nécessité cardiovasculaire, ne doit donc pas être discutée car elle est sans danger.

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