Cardiologie

Coronarographies et angioplasties coronaires : est-il nécessaire d'être à jeun ?

La conclusion de l’étude TONIC est claire : il n'y a aucune nécessité de jeûner avant une intervention coronarienne percutanée (coronarographies et angioplasties coronaires).

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  • 13 Jun 2024
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    Lors d'une coronarographie ou d'une angioplastie coronaire, la procédure habituelle veut que le patient soit à jeun avant toute intervention, notamment celle coronaire percutanée (ICP). Mais est-ce une nécessité ?

    L’équipe de cardiologie interventionnelle de l’hôpital Henri-Mondor (AP-HP) des Drs Madjid Boukantar, Paul-Matthieu Chiaroni et du Pr Emmanuel Teiger a étudié les effets d’une alimentation libre en amont d’une intervention coronarienne percutanée, en comparaison au jeûne traditionnel (de plus de 6 heures pour les liquides et les solides).

    Cette habitude de jeûne a été introduite, sans véritable preuve scientifique, afin de diminuer le risque d’inhalation en cas de complications graves nécessitant une intubation. Et donc, en cas de transformation de cette intervention coronarienne percutanée, le plus souvent effectuée par voie radiale et sous anesthésie locale, en une anesthésie générale.

    Des patients à jeun ou en libre alimentation

    Cette étude de non-infériorité TONIC, parue le 31 mai 2024 dans la revue JACC Cardiovascular interventions, a comparé la survenue d’évènements indésirables en cas de jeûne et en l'absence de jeûne avant une intervention coronarienne interventionnelle.

    Les 139 patients sélectionnés pour cette étude monocentrique, prospective et contrôlée en simple aveugle, ont été randomisés en deux groupes. Dans le 1er groupe se trouvaient les patients à jeun au moins six heures avant la procédure interventionnelle. Et dans le 2ème, les patients étaient autorisés à manger et boire le jour de la procédure.

    Parmi ces 739 interventions (dont 697 interventions électives et 42 semi-urgentes), l’étude a inclus 517 coronarographies et 222 angioplasties (y compris des interventions complexes et à haut risque). Les actes effectués en urgence ont été exclus.

    Le critère de jugement principal était un critère composite associant malaise vaso-vagal, hypoglycémie (définie par une glycémie ≤ 0,7 g/L) et nausées et/ou vomissements isolés. La marge de non-infériorité était de 4 %. Les critères d'évaluation secondaires étaient la néphropathie induite par le contraste et la satisfaction des patients. 

    Sécurité et confort sans nécessité de jeûne

    Le critère de jugement est survenu chez 8,2 %, soit 30 des 365 des patients non à jeun et chez 9,9 %, soit 37 des 374 patients à jeun.

    Il n’y a pas eu de différence en termes d'effets indésirables entre les deux groupes (aucun lié à l'alimentation et atteintes rénales aiguës équivalentes). De plus, la satisfaction à l'égard de la procédure et la douleur perçue étaient similaires dans les deux groupes. Et dans le groupe des patients non à jeun, les patients ressentaient moins la faim et la soif le jour de l'examen et 79 % d’entre eux ont déclaré ne pas souhaiter être à jeun en cas de nouvelle intervention coronarienne.

    Dans son communiqué du 12 juin 2024, l’APHP a confirmé que cette étude démontre la sécurité d’une alimentation libre avant une procédure coronaire percutanée avec un meilleur confort des patients.

    Elle précise que le jeun des patients nécessite une logistique supplémentaire pour le personnel médical (prescription médicale de la mise à jeun) et paramédicale (attribution des repas …) sans bénéfice démontré pour les patients. De plus, un certain nombre d’examens peuvent être annulés en cas d’incompréhension des consignes.

    Cette étude semble donc confirmer que ce changement de pratique profitera aux patients, tout en simplifiant l’organisation des services.

     

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