Pneumologie
Cancer du poumon : point sur les facteurs de risque
Une étude a fait le point sur les facteurs de risque du cancer du poumon. Les antécédents familiaux de cancer du poumon restent un facteur de risque constant, à prendre en compte pour le dépistage aux côtés des facteurs comportementaux, environnementaux et individuels. D’après un entretien avec Sébastien COURAUD.
Une étude, dont les résultats sont parus en avril 2024, dans l’European Respiratory Journal, a fait le point sur les facteurs de risque du cancer du poumon, à prendre en compte lors du dépistage. Il s’agit d’une étude néerlandaise pour laquelle les auteurs ont suivi une cohorte de plus de 12000 patients, de plus de 45 ans, quel que soit leur statut tabagique. Tous ces patients ont bénéficié d’un scanner thoracique et les auteurs se sont intéressés aux patients qui présentaient au moins un nodule de 30 mm3 ou d’un nodule cliniquement pertinent de 100mm3. Ils ont ensuite utilisé des modèles de régression logistique multivariée, ajustés e stratifiés selon le statut tabagique, pour identifier les facteurs de risque indépendants de la présence de nodules pulmonaires.
Une fréquence élevée de nodules en population générale
Le professeur Sébastien COURAUD, chef du service de Pneumologie aigüe et cancérologie thoracique des Hospices Civils de Lyon, explique que ce travail est intéressant et qu’il ne doit pas être réduit à la seule notion d’antécédent familial du cancer du poumon puisqu’il tient comptes des différents variables associées à la découverte d’un nodule lors du scanner de dépistage. Il souligne que la définition du nodule utilisée par les auteurs prend en compte les nodules à partir de 30 mm3, qui est un seuil pertinent mais relativement bas. De plus, les aspects des contours des nodules et les lésions en verre dépoli ne sont pas décrits. Les auteurs ont pris en compte les seules lésions solides, qui sont les plus fréquentes. Sébastien COURAUD relève que 40% des sujets ont présenté au moins un nodule de 30mm3, quel que soit leur statut tabagique. Ce résultat est intéressant , à l’ère du dépistage, car la grande fréquence de ces nodules est plutôt rassurante. Près de 10% des sujets avaient un nodule supérieur à 100mm3, ce qui laisse présumer que les nodules ne sont pas si rares en population générale.
Une panoplie de facteurs de risques, dont les antécédents familiaux
Sébastien COURAUD précise que ce travail renvoie aux modèles de stratification du risque d’avoir un cancer du poumon, en fonction des variables explicatives de risque comme le tabagisme, l’âge, la BPCO et les antécédents familiaux. Il souligne que les antécédents familiaux de cancer du poumon sont un facteur prédicteur qui ressort systématiquement dans les scores de calcul de risque. Dans ce cadre, Sébastien COURUAD explique qu’il existe deux réalités. La première est l’hérédité du facteur environnemental, très puissant, représentée par le tabagisme passif et le risque de devenir fumeur lorsque les ascendants fument. La seconde est l’hérédité du cancer du poumon, longtemps sous-estimée, qui n’a pas de modèle monogénique mais dont on sait qu’il existe des prédispositions génétiques, qui pourraient expliquer le constat clinique qu’il n’y a pas d’égalité face au tabagisme. Il existe une modulation qui vient d’une association de polymorphismes génétiques. Ces données vont être précisées par des travaux en cours. Sébastien COURAUD estime qu’il existe une fraction de cancers pulmonaires pour laquelle les facteurs génétiques sont importants.
En conclusion, ce travail n’apporte pas de grande nouveauté mais confirme la constance des antécédents familiaux de cancer du poumons dans tous les modèles de scores de risque, aux côtés de facteurs comportementaux et environnementaux. De plus, l’important volume de la base de données et la fréquence de la découverte de nodules chez des sujets de plus de 45 ans est un élément qui permet de rassurer les patients.