Pneumologie

Asthme : la mortalité est associée au niveau d’éducation, comme à la pollution

 L'asthme reste associé à une mortalité plus importante surtout si le niveau d'études atteint est plus faible. Cela avait déjà été démontré chez l’enfant, dont le niveau d’éducation est faible, et représente un facteur de risque au même titre que la pollution.  D’après un entretien avec Frédéric de BLAY.

  • 16 Mai 2024
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    Une étude dont les résultats sont parus en mars 2024 dans le Journal of Asthma and Allergy, a cherché à savoir s’il existe une association significative entre l’asthme et la mortalité, modifiée par le niveau d’éducation et dans quelle mesure. Il s’agit d’une étude norvégienne et suédoise, nommée Epilung, ayant inclus plus de 56 000 sujets, âgés de 30 à 69 ans, qui ont participé à des enquêtes sur l’asthme et ses facteurs de risque entre 2005 et 2007. Cette population comportait plus de femmes que d’hommes et 16% de fumeurs. Les auteurs ont relevé les données sur le niveau d’éducation et la mortalité toutes causes confondues, sur 10 années, puis ont évalué la fraction du risque de mortalité par asthme. Les rapports de risques ont été stratifiés par niveau d’éducation.

     

    Des résultats déjà connus en pédiatrie

    Le professeur Frédéric de BLAY pneumologue et allergologue, chef du service de Pneumologie des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, rappelle que l’on sait déjà que les enfants asthmatiques issus de populations défavorisées sont moins bien soignés, vont davantage aux urgences pour des exacerbations plus fréquentes. Ces enfants sont souvent plus exposés aux allergènes., comme les souris, les blattes ou encore les acariens, et ont une moins bonne compliance au traitement, parfois liée à un problème de compréhension de la langue. L’insalubrité des logements, la pollution extérieure, l’exposition au tabagisme passif rendent les exacerbations plus fréquentes et plus sévères.  Frédéric de BLAY souligne également qu’il a été montré que les chez enfants exposés au stress familial au cours de leurs 1000 premiers jours de vie, le rôle du terrain atopique et de la pollution dans la prévalence et l’incidence des exacerbations est augmenté, en lien avec les facteurs sociaux. Il précise que les allergies ne touchent pas seulement les populations aisées et que l’asthme est très fréquent dans les population défavorisées.

     

    Un facteur de risque de sévérité au même titre que la pollution

    Frédéric de BLAY explique que la mortalité par asthme, en Europe, est globalement faible mais qu’il existe des différences de mortalité entre les pays. Il est connu que les maladies respiratoires de l’adulte sont associées au niveau socio-économique mais l’impact du niveau d’éducation n’avait pas été évalué. Les résultats de ce travail ont montré que, parmi les norvégiens « peu éduqués », 26% étaient asthmatiques, et la mortalité a été plus fort en Norvège, avec 5,5% de décès attribués à l’asthme, ce qui est un odds ration significatif. Ces résultats étaient plus importants chez les femmes et chez les fumeurs. Frédéric de BLAY précise, que, comme en France, l’utilisation des béta 2 mimétiques d’action courte provoque plus de mortalité par asthme, surtout chez les patients moins éduqués. En Europe du Nord, les populations  moins aisées  ont moins d’accès au système de soins, sont moins sensibles à la pratique de l’activité physique et plus anxieux. Il faut également prendre en compte la distance pour avoir accès aux soins primaires. La dimension sociale et éducative est un facteur d’exacerbation sévère , au même titre que la pollution.

     

    En conclusion, l’asthme tue toujours, et le faible niveau d’éducation, l’anxiété, le milieu social défavorisé augmentent le risque de mortalité chez l’adulte. Chez l’enfant,  l’atopie associée au stress du début de la vie  est un facteur de risque aussi grave que la pollution atmosphérique.

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