Neurologie

SEP : comment intégrer le nerf optique dans les critères diagnostiques ?

Une revue des techniques d’exploration du nerf optique permet de proposer un algorithme d’utilisation des examens complémentaires permettant potentiellement d’intégrer le nerf optique dans la mise à jour des critères diagnostiques.

  • jitendrajadhav/istock
  • 18 Mar 2024
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    Les critères diagnostiques de McDonald, fixant les arguments nécessaires à la démonstration de la dissémination temporelle et spatiale seront mis à jour en fin d’année 2024. Parmi les candidats potentiels à l’intégration de ces critères, on retiendra l’atteinte du nerf optique.

    En effet, alors que la neuropathie optique inflammatoire est une manifestation fréquente et précoce, la démonstration d’une atteinte symptomatique ou asymptomatique des nerfs optiques n’a que peu de valeur actuellement dans la stratégie diagnostique.

    Un article récemment publié par l’équipe Barcelonnaise effectue une revue complète de la littérature sur le sujet et propose une modalité d’intégration pratique de l’atteinte du nerf optique dans les critères de McDonald.

    Les auteurs rappellent que le nerf optique peut être exploré par plusieurs méthodes, présentant chacune des avantages et des inconvénients.

    L’IRM est l’examen de référence

    D’un point de vue morphologique, l’IRM du nerf optique est évidemment le moyen pouvant paraitre le plus simple et accessible pour détecter une anomalie sur les nerfs optiques. L’exploration des voies optiques peut être effectuée à l’occasion d’une IRM cérébrale, en ajoutant cependant une séquence spécifique avec saturation de la graisse pour une exploration de bonne qualité.

    L’IRM pourra être contributive aussi bien à la phase aiguë qu’à distance en cas d’épisode clinique de neuropathie optique. Elle permet également d’éliminer les principaux diagnostics différentiels, inflammatoires non sclérose en plaques ou non inflammatoires, ce qui peut être d’une aide précieuse dans certaines situations complexes.

    OCT et PEV : complémentaires mais des limites

    La tomographie par cohérence optique (OCT) est un autre moyen d’étude simple et rapide de la morphologie du nerf optique, en mesurant l’épaisseur des fibres neurorétiniennes (RNFL) et des cellules ganglionnaires (GCIPL). Cet examen est généralement effectué au cours d’une consultation d’ophtalmologie. Le principal inconvénient, en cas d’épisode clinique de neuropathie optique, est de nécessiter un délai d’au moins 3 mois pour dévoiler des anomalies significatives, correspondant au temps nécessaire à l’installation d’un amincissement des fibres optiques. Enfin, son apport dans le diagnostic différentiel est moins important en comparaison à l’IRM.

    Enfin, le potentiel évoqué visuel (PEV) est un moyen d’exploration du nerf optique sur un versant fonctionnel. Bien qu’il permette de mettre en évidence des anomalies dès la phase aiguë d’un épisode de neuropathie optique, il s’agit d’un examen pouvant souffrir d’une plus grande variabilité inter examinateur, et dont les résultats peuvent être faussés par la présence d’anomalies des milieux liquidiens de l’œil ou en cas de lésions sur les voie optiques rétrochiasmatiques.

    Ajouter une nouvelle topographie : le nerf optique

    Au total, les auteurs proposent un algorithme simple consistant à ajouter une nouvelle topographie constituée par le nerf optique, qui permettrait de valider l’existence d’une dissémination spatiale si la version actuelle des critères de McDonald n’était pas remplie mais qu’une anomalie était mise en évidence sur les nerfs optiques. En première intention, l’atteinte des nerfs optiques devrait être recherchée à l’aide d’une IRM comportant des séquences spécifiques à l’exploration orbitaire.

    Si l’IRM ne retrouvait pas d’anomalie, alors il serait possible de démontrer l’atteinte du nerf optique soit à l’aide de l’OCT en démontrant un amincissement significatif des fibres optiques, soit à l’aide des PEV en cas d’anomalie de conduction des voies optiques. En cas d’épisode clinique de neuropathie optique, le choix entre ces deux techniques dépendrait du délai par rapport au début des symptômes en privilégiant l’OCT en cas de délai supérieur à 3 mois, et les PEV dans les autres cas.

    Le verdict sur l’intégration ou non du nerf optique dans les critères de McDonald, et le cas échéant, les modalités d’exploration, devraient être connus au mois de septembre 2024 à l’occasion de la publication des critères durant le congrès de l’ECTRIMS 2024.

     

    Référence :

    Vidal-Jordana, A., Sastre-Garriga, J., Tintoré, M., Rovira, À., Montalban, X., 2023. Optic nerve topography in multiple sclerosis diagnostic criteria: Existing knowledge and future directions. Mult. Scler. J. 30, 139–149. https://doi.org/10.1177/13524585231225848

     

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