PhenoAgeAccel : un index de vieillissement accéléré permettant de prédire le risque d’avoir une maladie respiratoire.

 

 Un score clinico-biologique de vieillissement accéléré, le PhenoAge Accel,  a été élaboré et serait associé au risque de développer une maladie respiratoire chronique. Un lien entre ce score de vieillissement accéléré et certains facteurs environnementaux, comme le tabac ou la pollution atmosphérique, a également été démontré. D’après un entretien avec Anh-Tuan DINH XUAN.

Une étude, dont les résultats sont parus en février 2024, dans l’European Respiratory Journal, a cherché à évaluer les effets du vieillissement sur le risque de survenue des maladies respiratoires chroniques. Il s’agit d’une étude rétrospective pour laquelle les auteurs ont inclus plus de 300 000 sujets chez qui ils ont analysé des biomarqueurs connus, tels que l’albuminémie, la CRP, la créatininémie, la glycémie, la NFS… Ils ont ensuite bâti des formules permettant de calculer l’âge phénotypique de chacun d’entre eux et l’ont comparé à leur âge chronologique, afin d’élaborer un index de vieillissement accéléré, qu’ils ont nommé PhenoAgeAccel, grâce à une méthodologie statistique solide. Si cet index est élevé, l’âge phénotypique est plus grand que l’âge chronologique et vice-versa. Ils ont ensuite appliqué cette notion à plusieurs logiciels. Ils ont également évalué l’association de cet index aux EFR réalisées chez ces sujets.

 

 

Un lien entre le vieillissement accéléré et les pathologies respiratoires

 

Le professeur Anh-Tuan DINH XUAN, chef du service des explorations fonctionnelles respiratoires et physiologie, de l’Hôpital Cochin, à Paris, rapporte que les résultats de ce travail ont démontré l’existence d’un lien entre le vieillissement accéléré et le risque relatif  d’avoir l’une des trois principales maladies respiratoires chroniques que sont la fibrose pulmonaire interstitielle, la BPCO et l’asthme. Il précise que l’ordre d’énumération des ces maladies est important car le vieillissement accéléré semble plus impacter le risque de fibrose pulmonaire interstitielle que d’asthme, qui est plus largement influencé par le terrain génétique et l’environnement. Anh-Tuan DINH XUAN relève un autre point intéressant : les auteurs ont démontré une relation entre le vieillissement accéléré et deux facteurs environnementaux majeurs, que sont le tabagisme et la pollution atmosphérique. Il précise également qu’il existe une association entre le vieillissement accéléré et le déclin respiratoire accéléré, chez tout un chacun. Le déclin respiratoire est un biomarqueur fonctionnel du vieillissement accéléré du poumon alors que les biomarqueurs utilisés pour le calcul de PhenoAgeAccel ne sont pas spécifiques du système respiratoire.

 

 

Et après ?

Anh-Tuan DINH XUAN explique que la CRP, par exemple, est un marqueur de l’inflammation, qui est elle-même à l’origine de l’accélération du déclin respiratoire. En pratique, c’est une notion relativement nouvelle utilisant des biomarqueurs usuellement prescrits, qui auraient un intérêt dans la compréhension de la pathogénie des maladies respiratoires chroniques. Il explique, de même qu’une glycémie élevée est en lien avec une obésité qui aurait elle-même probablement un lien avec les maladies respiratoires chroniques. Il précise que , si on avait évoqué le rôle de la vitesse de sédimentation comme biomarqueur de maladie respiratoire chronique, l’idée aurait été rejetée mais l’utilisation, dans cette étude de 9 paramètres biologiques permet d’établir un score de vieillissement accéléré qui serait fiable. Le pneumologue devient interniste, ce qui  ‘est pas nouveau dans la prise ne charge de la BPCO et de ses comorbidités. Toutefois, Anh-Tuan DINHXUAN pose la question de l’utilisation de ce score et de la possibilité de corrélation dans des cas précis.

 

 

En conclusion,  il est nécessaire de réaliser des études prospectives sur des cohortes individualisées et il est probable que de plus en plus de travaux vont utiliser  l’index PhenoAge Accel afin d’en préciser son intérêt, notamment dans la prévention des maladies respiratoires chroniques