Pneumologie
Fibrose pulmonaire interstitielle : intérêt prouvé de la tomographie par cohérence optique endo bronchique
La tomographie par cohérence optique endo bronchique représente une nouvelle méthode pour l'évaluation in vivo des anomalies pulmonaires interstitielles qui apporte des résultats précis de manière non invasive, en cohérence avec la biopsie, qui reste néanmoins le Gold Standard. D’après un entretien avec Aurélien JUSTET.
Une étude, dont les résultats sont parus en janvier 2024 dans l’American Journal of Respiratory Critical Care Medicine, a cherché à démontrer l’intérêt de la tomographie par cohérence optique endo bronchique pour la diagnostic de la fibrose pulmonaire interstitielle. Il s’agit d’une étude prospective monocentrique, pour laquelle les auteurs ont inclus 8 patients ayant des anomalies radiographiques de signification indéterminée. Les patients ayant un diagnostic préexistant de pneumopathie interstitielle ont été exclus. Les patients inclus ont bénéficié d’une tomographie par cohérence optique endo-bronchique, associée à une biopsie avec examen histologique et anatomo-pathologique. Les patients ont ensuite été suivis annuellement pendant 5 ans pour évaluer l’évolutivité de la maladie. Les critères d’évaluation de l’étude comportaient la concordance entre la tomodensitométrie par cohérence optique endo bronchique et l’histologie, ainsi que la progression des lésions telle que prédite par la tomodensitométrie par cohérence optique, définie par une fibrose avec aspect en rayons de miel et /ou bronchectasies de traction.
Nécessité d’une courbe d’apprentissage importante
Le docteur Aurélien JUSTET, Maître de Conférence des Universités et praticien hospitalier au Centre Hospitalier Universitaire de Caen, explique que la tomographie par cohérence optique endo bronchique est une technologie récente développée à Harvard. La cohérence optique, en 3D, à haute résolution est 200 fois plus précise que le scanner actuel. Cette technique permet d’analyser un volume de tissu plus important qu’avec une biopsie pulmonaire, de manière moins invasive, grâce à une sonde que l’on peut pousser jusqu’aux zones sous-pleurales, ce qui permet l’analyse microscopique des zones situées autour des voies aériennes. Aurélien JUSTET précise que cette technique révolutionnaire nécessite toutefois une courbe d’apprentissage importante car l’opérateur doit savoir identifier les différentes anomalies telles que les rayons de miel, les bronchectasies de traction ou encore la fibrose interstitielle péri bronchique. Or, au cours de cette étude, l’examen est toujours réalisé par la même équipe et les résultats sont fondés sur l’expérience de cette seule équipe. Pour Aurélien JUSTET, cette technologie d’autres centres doivent s’approprier cette technologie.
Des promesses intéressantes pour un diagnostic non invasif
Aurélien JUSTET souligne que le gold standard pour le diagnostic de la fibrose pulmonaire interstitielle reste la biopsie mais que les auteurs de ce travail ont réalisé une comparaison entre la tomographie par cohérence optique endo bronchique avec la biopsie, ce qui fait écho à un premier papier sur le sujet déjà publié il y a 2 ans. Il relève qu’en cas de suspicion de fibrose pulmonaire interstitielle, il existe une parfaite concordance entre l’anatomie pathologie et la tomographie par cohérence optique. Il explique également que les auteurs de ce travail se sont intéressés aux anomalies radiologiques de signification indéterminée, ce qui représente une problématique de plus en plus fréquente puisque la prévalence des anomalies radiologiques indéterminées est de plus en plus élevée dans une population chez laquelle on réalise un nombre croissant de screening. Parmi ces patients, tous n’auront pas une biopsie. C’est pourquoi les auteurs de ce travail proposent ,grâce à cette technologie, une démarche diagnostique au prix d’une invasivité minimale. Chez les 8 patients inclus dans l’étude, cet examen, couplé à la biopsie et aux données de suivi a permis de diagnostiquer des patients qui ont une pathologie infra-radiologique potentiellement évolutive. La parfaite cohérence entre l’histologie et les résultats de la tomodensitométrie par cohérence optique rend capable d’identifier un pattern à un phénotype progressif de la maladie. Seulement deux patients du groupe diagnostiqués avec une fibrose pulmonaire n’ont pas progressé.
En conclusion, même si ce travail présente quelques limites en lien avec le faible nombre de patients inclus et son caractère monocentrique, cette technologie nouvelle offre des promesses intéressantes pour des patients pour lesquels la résolution actuelle de la tomographie ne permet pas de se passer de l’histologie.