Diabétologie
Diabète gestationnel : un risque accru de décès cardiovasculaire à long terme
Une analyse menée à partir de la vaste cohorte des infirmières NHS II confirme l’impact négatif du diabète gestationnel sur le risque de décès cardiovasculaire jusqu'à plus de 30 ans plus tard.
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Les données s’accumulent pour souligner le lien entre diabète gestationnel (DG) et risque ultérieur de diabète de type 2, d’hypertension artérielle ou encore de maladies cardiovasculaires. Toutefois, l’impact à long terme du DG sur la mortalité totale et cardiovasculaire restait mal précisé.
Une vaste étude menée à partir de la cohorte des infirmières Nurses’ Health Study II, dont les résultats sont publiés dans le JAMA, confirme l’impact délétère du DG à long terme, à la fois sur la mortalité totale et sur la mortalité cardiovasculaire.
Sur plus de 100 000 femmes
Gros atout de cette cohorte prospective débutée en 1989 : le nombre important de femmes inclus (plus de 100 000) et la durée de suivi.
Les données analysées portent sur plus de 91 000 femmes ayant eu au moins une grossesse, qui, à l’inclusion, étaient âgées en moyenne de 34,9 ans et avaient un IMC moyen de 24,1.
Au cours des plus 30 ans de suivi pour un total de 2 609 753 personnes-années, 3 937 décès sont survenus, dont 255 d’origine cardiovasculaire et 1 397 par cancer. Le taux de mortalité brut est plus élevé chez les femmes ayant présenté un DG (1,74 vs 1,49 / 1 000 personnes-années, différence de 0,25 / 1 000 personnes-années), ce qui correspond à un odd ratio de 1,28.
Avec ou sans diabète de type 2 ultérieur
L’association entre DG et mortalité à long terme persiste indépendamment du développement ou non d’un diabète de type 2 ultérieur et est plus marquée en cas de mauvaise hygiène de vie, de DG au cours de 2 grossesses ou plus, de DG au cours de la première grossesse et des grossesses suivantes, d’HTA gravidique associée, d’accouchement prématuré ou encore de petit poids pour l’âge gestationnel.
Un risque accru de 60 %
Le DG est directement associé à un risque accru de mortalité cardiovasculaire (HR = 1,59), mais inversement associé à la mortalité par cancer (HR = 0,76), uniquement chez les femmes ayant eu un DT2 ultérieurement. Les auteurs indiquent que l’analyse des liens entre DG et cancer donnent des résultats divergents selon les études.
L’association délétère entre DG et mortalité cardiovasculaire, qui ne parait pas passer par le développement ultérieur d’un DT2, pourrait être liée à des facteurs pré-existant à la grossesse, tels qu’une inflammation systémique, une résistance à l’insuline ou une dysfonction endothéliale.
Quoi qu’il en soit, il semble important de prendre en compte l’impact du DG à long terme pour adapter au mieux le suivi de ces femmes, notamment sur le plan de la prévention cardiovasculaire.