Pneumologie
Un pas important dans le traitement des CBNPC avec mutations EGFR rares
Les cancers bronchiques non à petites cellules à mutation EGFR rare sont pauvres en traitement efficace. Une nouvelle stratégie thérapeutique comportant de l’amivantamab, et constituant une approche différente va certainement permettre d’être plus optimiste, au prix d’une vigilance accrue sur les effets secondaires.
Une étude, dont les résultats sont parus en décembre 2023 dans le New England Journal of Medicine, a cherché à démontrer l’efficacité de l’amivantamab, associé à la chimiothérapie dans le traitement des cancers bronchiques non à petites cellules avec mutation EGFR rare. Il s’agit d’une étude de phase 3, au cours de laquelle deux groupes de patients ont été créés. Le premier groupe recevait de la chimiothérapie seulet et le second groupe de la chimiothérapie associée à l’amivantamab. Les auteurs avaient prévu de pouvoir administrer de l’amivantamab en deuxième ligne aux patients en monothérapie. Au total, 308 patients ont été inclus et randomisés. Il s ‘agissaient essentiellement de femmes, d’origine asiatique, non fumeuses et don 20% avaient des métastases cérébrales.
Une approche différente avec l’amivantamab
Le professeur Alexis CORTOT, chef du service de pneumologie et oncologie thoracique du Centre Hospitalier Universitaire de Lille, précise que cette étude porte sur les patients ayant un CBNPC avec une mutation EGFR correspondant à une insertion dans l’exon 20, qui n’existe que dans 10% des cas de CBNPC mutés EGFR. Ces formes rares ne bénéficiaient pas, jusque-là, de traitement efficace et les patients étaient traités comme s’ils n’étaient pas porteurs de cette mutation rare, c’est-à-dire par chimiothérapie. Les tentatives de thérapies ciblées ont donné de bons résultats mais ne sont pas accessibles en France. Les auteurs se sont donc posé la question de l’intérêt d’associer un anticorps bispécifique, l’amivantamab, qui a la particularité de reconnaitre deux antigènes : l’EGFR, qui est le driver, et le MET, qui a des résistances aux anti-EGFR. L’amivantamab provoque une dégradation des récepteurs et une activation des cellules immunitaires. Alexis CORTOT souligne que cette approche, différente, permet d’avoir deux effets : le blocage d’une voie de signalisation et l’effet d’une immunothérapie ciblée.
Une excellente nouvelle mais avec des effets secondaires
Alexis CORTOT explique que cette étude, au-delà de son très bon design, présente des résultats positifs, de façon très franche, qui sont observés dans tous les sous-groupes de patients. Le taux de réponse est de 47% avec la chimiothérapie seule versus 73% avec la chimiothérapie associée à l’amivantamab. Il précise qu’il n’y a pas de bénéfice significatif en terme de survie globale mais que la tendance se dessine malgré tout. Alexis CORTOT insiste sur le point important de la toxicité. En effet, l’amivantamab provoque un grand nombre d’effets secondaires tels que des réactions à la perfusion de la première injection, qui peuvent provoquer des signes généraux parfois impressionnants. Les effets secondaires liés à l’inhibition de l’EGFR sont essentiellement cutanés (rash, xérose…) et peuvent être assez marqués. L’inhibition de MET peut provoquer des œdèmes périphériques, notamment des membres inférieurs. Alexis CROTOT relève que certains de ces effets secondaires ont mené à l’arrêt du traitement. De plus, cette prise ne charge est contraignante puisque l’amivantamab est administré à raison d’une perfusion par semaines pendant 4 semaines, puis au rythme des chimiothérapies.
En conclusion, cette très belle étude représente un pas important pour ces patients, encore pauvres en traitements. Malgré les contraintes logistiques et les effets secondaires pour lesquels il faut conserver une grande vigilance en apprenant à gérer la toxicité de l’amivantamab, ces résultats constituent une excellente nouvelle…