Pneumologie
Un algorithme qui offre un panorama sur les prescriptions des biothérapies
Un algorithme permettant d’identifier et de caractériser les populations de patients traitées par biothérapie en France offre un panorama intéressant sur les prescriptions de ces traitements et constitue un outil d’aide précieux pour les travaux pharmaco-épidémiologiques et les choix des décideurs. D’après un entretien avec Arnaud BOURDIN.
Une étude, dont les résultats sont parus en novembre 2023 dans le Journal of Asthma Allergy, a fait le point sur un algorithme crée en 2020, qui permet d’évaluer les prescriptions médicamenteuses en fonction des maladies et des prescripteurs, notamment lorsque des médicaments sont indiqués dans la prise en charge de plusieurs maladies. Dans ce travail, les auteurs se sont penchés sur les prescriptions de biothérapies dans les maladies de type 2, à savoir l’urticaire chronique, l’asthme et la dermatite atopique. Ils ont ainsi pu obtenir une vision épidémiologique sur les indications et l’utilisation des biothérapies dans la prise en charge de ces pathologies. Les auteurs ont utilisé une base de données qui couvrait près de 45% des pharmacies de ville françaises. Ils ont inclus tous les patients traités entre avril 2021 et mars 2022 et ont analysé tous les médicaments délivrés depuis mars 2012.
Un outil pharmaco-épidémiologique intéressant
Le professeur Arnaud BOURDIN, chef du service de pneumologie et du Centre de compétence des maladies pulmonaires rares de l'Adulte, au Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier, et auteur de ce travail, explique que la création de cet algorithme représente un outil permettant d’évaluer les prescriptions des médicaments indiqués dans le traitement de plusieurs maladies. Il permet de savoir pourquoi les biothérapies sont utilisées et comment. L’algorithme s’appuie sur des scores appliqués en fonction des autres médicaments prescrits et des prescripteurs pour situer la biothérapie, à partir d’une data base, sur les années 2021 et 2022. L’algorithme a analysé toutes les prescriptions depuis 10 ans. Les résultats de ces travaux ont montré, par exemple, que la dermatite atopique était surtout présente et traitée par biothérapie chez les sujets jeunes, puis survient l’urticaire à l’âge adulte et un pic d’asthme vers 60-65 ans.
Un panorama pour aider les décideurs
Arnaud BOURDIN précise que cet algorithme apporte un panorama actuel de l’utilisation des biothérapies en fonction des prescripteurs, des tranches d’âge des patients et des pathologies. II permet de savoir quand le médicament est plus efficace et sur quel type de patients. C’est un outil particulièrement intéressant pour les décideurs et les payeurs, comme la Haute Autorité de Santé, les Agences Régionales de Santé ou encore la CPAM. Arnaud BOURDIN souligne que l’exercice est issu d’une discussion entre mathématiciens, professeurs de médecine rhumatologues, dermatologues…. Pour lui, l’intérêt de ce travail réside dans un gain de temps considérable qui permet d’avoir une vison plus fine des prescriptions et de l’efficacité des biothérapies dans les maladies de type 2.
En conclusion, la réalisation de cet algorithme est un outil précieux et les groupes de travail étant maintenant constitués, il sera plus facile de poursuivre ces travaux sur l’utilisation de l’intelligence artificielle en vue d’évaluations de méthodes diagnostiques ou thérapeutiques. De nouvelles réalisations sont à venir. A suivre…