Diabétologie
Diabète gestationnel : utilisation de la metformine
Une étude randomisée menée en Irlande montre que l'administration précoce de metformine chez les femmes enceintes atteintes de diabète gestationnel retarde l'initiation de l'insuline, diminue le risque de macrosomie, mais a une tendance à augmenter le taux de microsomie.
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Le diabète gestationnel est une complication courante de la grossesse qui peut entraîner des complications pour la mère et le fœtus. L'insuline est le traitement de référence pour traiter cette problématique, mais elle peut être difficile à administrer et peut entraîner des effets secondaires indésirables.
Cette étude a examiné si l'administration précoce de metformine, pourrait être une alternative efficace à l'insuline pour les femmes atteintes de diabète gestationnel, en randomisant entre placebo (n = 262) et metformine (n = 264).
Réduction du recours à l’insulinothérapie
Il y avait une bonne adhérence au traitement, supérieure à 90 %, malgré une tolérance médiocre : des troubles digestifs ont été rapportés par 24 % des patientes sous metformine (dose moyenne 2 g quotidiens), contre 4,1 % dans le groupe placebo (p-value < 0,001).
La diminution du critère de jugement principal (insulinothérapie débutée ou glycémie à jeun supérieure à 0,92 g/L) n’est pas statistiquement significative : 57 % dans le groupe metformine contre 64 % dans le groupe metformine (p-value = 0,13). En revanche, l’initiation de l’insuline en critère seul, prévu comme critère secondaire, est significativement diminuée avec la metformine : 38 % vs 51 % dans le groupe placébo, soit une diminution de 25 % (risque relatif 0,75 [0,62 – 0,91], p-value 0,004).
De plus, la prise pondérale entre la randomisation (en moyenne 29 SA) et l’accouchement est moindre dans le groupe metformine : 0,8 kg (SD 3,3) contre 2,0 kg (3,6) dans le groupe placebo, soit une diminution de -1,2 kg (-1,99 - -0,42, p-value 0,003).
Diminution de la macrosomie, doute sur la microsomie
La prise de metformine était associée à une diminution du poids de naissance (-113 g [-201 - -24], p-value 0,005) et une moindre proportion de bébés nés macrosomes (> 90è percentile) : 7 % dans le groupe metformine vs 15 % dans le groupe placebo (-8,4 % [-13,7 % - 3,2 %], pvalue 0,003).
En revanche, il y avait aussi une augmentation proche de la significativité pour le nombre de bébés nés avec un poids inférieurs à 2,500 g : 6,1 % vs 3,4 % (différence 2,7 % [-1 % - 6,3 %], p-value = 0,12).
Intérêt au plus long cours à préciser
Si les recommandations du Royaume-Uni proposent la metformine en première ligne, ce n’est pas le cas de nombreuses autres sociétés savantes, dont celles Françaises. Si cette étude semble confirmer l’intérêt de la metformine pour diminuer le recours à l’insuline tout en diminuant le risque de macrosomie, elle identifie également une possible augmentation du risque de diminution de la longueur tête – talon.
Un suivi à plus long terme de ces enfants reste nécessaire, bien que les données actuellement disponibles dans la littérature semblent plutôt rassurantes. Les données de suivi des mères seront également intéressantes, pour un éventuel bénéfice métabolique à plus long terme.