Neurologie
SEP avec syndrome radiologique isolé : le tériflunomide pour prévenir la conversion
Une étude de phase 3 versus placebo montre l’intérêt du terflunomide pour prévenir la conversion en sclérose en plaques (SEP) des syndromes radiologiques isolés (RIS).
- Shidlovski/istock
Le syndrome radiologique isolé (RIS) est une entité rare correspondant à la découverte fortuite d’anomalies radiologiques suggestives d’une sclérose en plaques à l’occasion d’une IRM cérébrale effectuée pour un motif non en rapport (céphalées, traumatisme crânien, …)
Depuis la découverte des premiers cas, un effort de collecte de données internationale a permis d’obtenir des connaissances à propos de l’évolution et du risque de conversion vers la sclérose en plaques, qui concerne près de la moitié des patients après 10 ans de suivi, même si des facteurs démographiques, biologiques et radiologiques permettent de stratifier ce risque1.
En revanche, jusque récemment, nous n’avions pas de données pour juger l’intérêt éventuel d’un traitement immunoactif préventif à ce stade préclinique de la maladie.
Un essai de phase 3 en prévention de la conversion
L’étude TERIS2 a été menée par le Consortium International du RIS en France, en Suisse et en Turquie. Il s’agit d’un essai thérapeutique de phase III, randomisé en double aveugle, qui a évalué l’efficacité du tériflunomide contre placebo pour prévenir le risque de conversion vers la sclérose en plaques dans une cohorte de sujets présentant un syndrome radiologique isolé. La durée d’étude était de 2 ans. Cet essai thérapeutique fait écho à l’étude ARISE3, réalisée selon un schéma similaire aux États Unis, dans lequel la molécule active étudiée était le dimethylfumarate.
89 sujets ont été inclus avec une répartition égale et des caractéristiques démographiques comparables entre les deux groupes. L’âge moyen était de 37,8 ans avec une prépondérance féminine. L’IRM cérébrale avait été réalisée dans plus de 45% des cas pour des céphalées.
Réduction du risque de survenue d’une conversion clinique
Les résultats de l’analyse principale montrent que le tériflunomide permet de significativement réduire le risque de survenue d’une conversion clinique en sclérose en plaques avec une réduction du risque de 72% (p=0.02).
Les objectifs secondaires, basés sur des données radiologiques et des marqueurs cliniques additionnels (échelle de fatigue, de cognition et de qualité de vie) n’ont pas montré de différence significative entre les deux groupes.
Concernant la tolérance, aucun nouveau signal n’a été relevé par rapport aux connaissances actuelles concernant le tériflunomide.
Perspectives
Il existe donc à ce jour deux études de phase III démontrant l’efficacité d’une intervention thérapeutique dans le RIS. Il faut maintenant identifier le profil de patients qui pourrait bénéficier d’un traitement de fond au stade préclinique et pour le moment la décision de traiter repose sur une discussion collégiale du dossier en réunion de concertation.
On rappelle d’ailleurs qu’aucune molécule ne dispose d’une AMM dans le RIS à ce jour.
Références
- Lebrun‐Frenay C, Kantarci O, Siva A, et al. Radiologically Isolated Syndrome: 10‐Year Risk Estimate of a Clinical Event. Ann Neurol. Epub ahead of print 2020. DOI: 10.1002/ana.25799.
- Lebrun-Frénay C, Siva A, Sormani MP, et al. Teriflunomide and Time to Clinical Multiple Sclerosis in Patients With Radiologically Isolated Syndrome. JAMA Neurol; 80. Epub ahead of print 2023. DOI: 10.1001/jamaneurol.2023.2815.
- Okuda DT, Kantarci O, Lebrun‐Frénay C, et al. Dimethyl Fumarate Delays Multiple Sclerosis in Radiologically Isolated Syndrome. Ann Neurol 2023; 93: 604–614.