Pneumologie
EFR : interprétations des résultats en 2005 et en 2021
Des travaux ont comparés les résultats des épreuves fonctionnelles repsiratoires en fonction des normes de 2005 et de celles de 2021. Les implications de la nouvelle norme ERS/ATS sur l'interprétation des tests de la fonction respiratoire et leurs conséquences thérapeutiques sont importantes, compte-tenu des différences observées. D’après un entretien avec Anh-Tuan DINH XUAN.
Une lettre, parue en mars 2023 dans l’European Respiratory Journal, a comparé deux articles majeurs, permettant d’interpréter les résultats des épreuves fonctionnelles respiratoires (EFR). Pour mémoire, en 2005, l’TATS et l’ERS se sont réunies pour établir des recommandations sur l’interprétation des EFR. Seize ans plus tard, en 2021, ces recommandations ont été mises à jour. Les auteurs de ce travail ont relevé les résultats mesurés des EFR de 1323 sujets et ont appliqué à ces résultats les recommandations d’une part de 2005 et d’autre part de 2021. Ils ont ensuite comparé les interprétation obtenues.
2005 versus 2021
Le professeur Anh-Tuan DINH XUAN, pneumologue à l’hôpital Cochin, à Paris, et co-auteur de ce travail, rappelle que les EFR permettent d’accéder à plusieurs paramètres. Si les EFR sont anormales, les anomalies observées permettent de déterminer s’il existe un syndrome obstructif, un syndrome restrictif, un syndrome mixte avec des anomalies de diffusion et enfin déterminer la réversibilité bronchique. Concernant la DLCO et les anomalies de diffusion, les résultats sont concordants entre 2005 et 2021. C’est le seul paramètre montrant ce résultat. En 2005, 50% des sujets avaient des résultats normaux. Parmi eux , seulement 90% sont jugés normaux en 2021. Pour les 10% de patients restants, le syndrome restrictif n’a pas été diagnostiqué en 2005 car les auteurs se sont seulement basés sur la spirométrie avec la capacité vitale fonctionnelle, sans calcul du volume résiduel et donc de la capacité pulmonaire totale. En 2021, les auteurs insistent sur le fait que si la spirométrie ne permet pas de conclure, il faut impérativement compléter avec une pléthysmographie pour obtenir la capacité pulmonaire totale. De plus, en 2021, les auteurs ont fait la différence entre les syndromes restrictifs simples, ou purs, au cours des quels tous les volumes pulmonaires sont diminués et les syndromes restrictifs complexes qui sont caractérisés par une diminution de la capacité pulmonaire totale, avec une augmentation du volume résiduel. Anh-Tuan DINH XUAN relève également qu’en 2021, un cas particulier a été soulevé correspondant aux patients qui ont une diminution du VEMS et de la capacité vitale, ce qui entraine un rapport VEMS/CV normal. Les recommandations de 2023 ont nommé ce profil « prisme ». Anh-Tuan DINH XUAN souligne que les syndromes restrictifs diagnostiqués en 2005 sont restés restrictifs en 2021, en ajoutant la subtilité simple ou complexe. Pour les 100 patients diagnostiqués avec un syndrome obstructif en 2005, 90 d’entre eux le sont restés en 2021 et les 10 autres correspondent au prisme. En 2005, la réversibilité bronchique se définissait par une augmentation du VEMS de + de 12% ou 200ml. En 2021, les auteurs ont raisonné en volume théorique et non de base, qui doit augmenter de 10%. En effet, plus la valeur de base est basse, plus le gain de débit est facile. L’utilisation de la valeur théorique permet de partiellement gommer ce biais. Un grand nombre de patients âgés avaient une épreuve de réversibilité faussement positive car le VEMS de base diminue avec l’âge. Ainsi, en 2021, il est beaucoup plus difficile de conclure à la positivité d’une épreuve de réversibilité.
Intérêt de se baser sur le Z-score
Anh-Tuan DINH XUAN estime donc que des points important sont à retenir à l’issue de ce travail. Entre2005 et 2021, la grande majorité des patients avaient le même diagnostic, mais pour ceux qui ont vu leur diagnostic changer, les recommandations de 2021, insistent davantage sur les anomalies fonctionnelles. Anh-Tuan DINH XUAN explique que se baser sur des pourcentages théoriques a l’avantage de la simplicité mais l’inconvénient du manque de précision. Il suggère qu’il serait justifié de se concentrer sur un raisonnement par Z-Score, qui est caractérisé par un ensemble de résultats obtenus dans une population donnée, avec des bornes inférieures et supérieures. Selon lui, serait intéressant de vulgariser ce concept et de bien l’expliquer aux praticiens. Les recommandations de 2021 permettent de voir différents groupes de sujets au sein d’un même grand ensemble nosologique. Il précise qu’le y aura sûrement d’autres recommandations, car pour la mesure du DLCO, par exemple, le volume alvéolaire n’a pas été pris en compte.
En conclusion, ce travail présente un grand intérêt car il permet de revoir les pratiques et d’imaginer celles qu’il faudrait mettre en place. L’interprétation des résultats de EFR doit être plus fine et plus précise, pour bien distinguer les groupes de malades et personnaliser leur prise en charge.