Pneumologie

Bronchiolite de l’enfant : banco pour le nirsevimab !

 Une dose de nirsevimab protège tous les nourrissons des infections respiratoires basses à VRS et des hospitalisations qui y sont associées, y compris les prématurés et ceux atteints de maladies sous-jacentes. Des résultats d’essais cliniques spectaculaires qui risquent de changer très favorablement le pronostic de la bronchiolite à VRS. D’après un entretien avec Antoine DESCHILDRE.

  • 04 Mai 2023
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    Une étude, dont les résultats sont parus en février 2022 dans The Lancet Child and Adolescent Health, a fait le point sur les études ayant démontré l’efficacité du nirsevimab, anticorps monoclonal qui vient neutraliser une protéine du VRS, dans la prévention de la bronchiolite à VRS du nourrisson. Pour cela, les auteurs ont réalisé une méta- analyse qui a fait la synthèse de trois études. La première étude, appelée MELODY, a évalué l’efficacité du nirsevimab  versus placebo chez les enfants nés à 35 semaines d’aménorrhée et plus. La seconde étude a inclus une population d’enfants nés entre 29 et 35 semaines d’aménorrhée et la troisième étude  a évalué l’efficacité du nirsevimab versus palivizumab. Les critères principaux d’évaluation pour l’étude MELODY étaient le nombre de consultations médicales pour bronchiolites à VRS, le nombre d’enfants hospitalisés pour ce diagnostic et le nombre de formes sévères avec support ventilatoire ou perfusion. Les auteurs ont également observé le nombre d’hospitalisations toutes causes confondues et le nombre d’antibiothérapies administrées.

     

    Quid de la bronchiolite

    Le docteur Antoine DESCHILDRE, pneumo-pédiatre au Centre Hospitalier Universitaire de Lille, félicite ce travail qui augure de grands changement dans le pronostic de la  bronchiolite de l’enfant. Pour lui, il s’agit d’un travail majeur pour les pédiatres et les pneumo-pédiatres. En effet, la bronchiolite à VRS touche les enfants au cours des premiers mois de la vie et 30% des enfants vont la contracter au cours de leur première année de vie. De plus, 5% d’entre eux vont être hospitalisés soit pour une forme sévère soit pour une forme apparue très tôt après la naissance ou encore chez un prématuré ou un nourrisson atteint d’une maladie sous-jacente. La bronchiolite à VRS implique donc un grand nombre d’hospitalisations et est encore à l’origine de décès chez les très jeunes enfants: un décès sur trois survenant chez des enfants âgés de 1 à 6 mois est liée à la bronchiolite à VRS. Antoine DESCHILDRE ajoute que cette affection a également des conséquences sur le long terme avec l’apparition de symptômes d’asthme dans les premières années de vie voire de BPCO à l’âge adulte. Les risques à court, moyen et long terme justifient donc la recherche d’une prophylaxie efficace et pour tous. Le palivizumab en injection intra-musculaire mensuelle existe déjà mais son AMM est réservée aux prématurés, aux nourrissons ayant eu des complications respiratoires au cours de leur premier hiver ou aux enfants ayant une cardiopathie congénitale retentissante ou une dysplasie broncho-pulmonaire. Or, la bronchiolite à VRS touche tous les nouveau-nés et globalement, les enfant hospitalisés pour une bronchiolite à VRS n’ont pas d’antécédent de prématurité ou de maladie sous-jacente.

     

    Une efficacité spectaculaire du nirsevimab

    Antoine DESCHILDRE explique que le nirsevimab est administré en une seule injection car il est doté d’une demi-vie très longue (150 jours). Il peut être administré aux enfants qui arrivent à leur première saison à risque d’infection par le VRS, d’octobre à mars (même si la donne a changé depuis l’épidémie du COVID-19). Il peut également être administré avant la saison pour protéger pendant toute la saison ou dès la naissance des enfants qui naissent en hiver. Antoine DESCHILDRE souligne que l’étude MELODY a montré une efficacité très  nette  sur tous ses critères d’évaluation avec une diminution spectaculaire de 70% de consultations chez les prématurés, de 74% chez les nouveau-nés, de 78% pour les hospitalisations et de 87% pour les formes sévères. Il précise qu’il s’agit là d’un tournant dans la prévention de la bronchiolite car ces études sont les plus avancées par rapport à celles en court sur la vaccination, par exemple. Le bénéfice a été le même chez le nourrisson en bonne santé que chez les plus malades, la pharmacocinétique étant la même pour tous. De plus, le nirsevimab semple bien toléré puisque les seuls effets indésirables relevés sont des rash, de la fièvre ou des réactions au point d’injection.  Ces résultats ont été soumis aux autorités sanitaires  avec des avis très favorables. Antoine DESCHILDRE explique que la mise en route d’une telle prévention nécessite une organisation particulière au vu du nombre de naissance annuel. Un circuit contemporain des premières vaccinations pourrait être envisageable. Les contours de la population cible sont encore à définir, cette prévention étant l’affaire du premier hiver de vie.

     

    En conclusion, le nirvesimab en monodose es spectaculairement efficace et bien toléré, dans la prévention de la bronchiolite à VRS du nourrisson. Il reste à définir les contours de l’organisation de cette prévention et le bon moment pour le faire. On va en entendre parler…

     

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