Cardiologie
Endométriose : nette augmentation du risque cardiovasculaire
Une méta-analyse montre que l’endométriose serait un facteur de risque de maladies cardiovasculaires, en particulier de cardiopathies ischémiques et de pathologies cérébro-vasculaires.
- Iryna Zastrozhnova/istock
Une méta-analyse, effectuée par une équipe portugaise, évaluant 6 études relatives à l’association entre maladies cardiovasculaires et endométriose, montre que l’endométriose serait associée à un risque élevé de maladies cardiovasculaires.
Ces 6 études de cohortes cas-témoins ont totalisé 254 929 participants. Et leur méta-analyse montre que l’endométriose est associée à un risque accru de cardiopathies ischémiques (HR 1,50, IC à 95% (1,37-1,65)) et de maladies cérébro-vasculaires (HR 1,17, IC à 95% (1,07-1,29))
L’endométriose est donc associée à un risque significativement élevé d’atteintes cardiovasculaires, en particulier les cardiopathies ischémiques et les maladies cérébro-vasculaires. Cette possibilité de lien entre l’endométriose et les maladies cardiovasculaires a déjà été évoquée dans plusieurs études dont une étude américaine en juillet 2022, ou encore celle parue en 2016.
Une méta-analyse de grande ampleur
L’équipe portugaise a tenté d’établir la relation entre l’endométriose, cette pathologie inflammatoire chronique, et les maladies cardiovasculaires grâce à une revue systématique de ces 6 études longitudinales ayant évalué la survenue de maladies cardiovasculaires chez les femmes atteintes d’endométriose par rapport à celles n’en ayant pas.
Deux des 6 études ont été menées à Taïwan, une en Finlande, une au Royaume-Uni et deux aux Etats-Unis. Deux ont analysé uniquement les cardiopathies ischémiques, une a analysé les cardiopathies ischémiques, l'insuffisance cardiaque et les maladies cérébro-vasculaires, une a analysé les événements cardiovasculaires majeurs (y compris l'infarctus du myocarde et l'insuffisance cardiaque) et les événements cérébro-vasculaires (y compris les accidents vasculaires cérébraux ischémiques et hémorragiques aigus), une autre a analysé la mortalité toutes causes confondues et la mortalité par cause spécifique (y compris la mortalité cardiovasculaire chez les patientes atteintes d'endométriose, ce qui était la donnée requise) et une autre n'a analysé que les événements cérébro-vasculaires.
Une cause inflammatoire ?
Les chercheurs ont évoqué plusieurs explications possibles à cette constatation. L’inflammation, le dysfonctionnement endothélial, l’augmentation du stress oxydatif, la relation entre les marqueurs inflammatoires et le dysfonctionnement microvasculaire ainsi que le profil lipidique athérogène sont associés à l’endométriose et pourraient être des facteurs favorisant la survenue de maladies cardiovasculaires.
Deux des six études cas-témoins ont suggéré que l'endométriose serait liée à une augmentation de la rigidité artérielle chez les femmes pré-ménopausées. La rigidité artérielle est un marqueur précoce des modifications de la paroi artérielle et donc associée au risque cardiovasculaire.
Une vaste étude de cohorte a aussi relié l'endométriose confirmée par laparoscopie à un risque accru d'hypertension et de diabète. Et les femmes atteintes d’endométriose ont généralement un taux de cholestérol LDL et de cholestérol HDL plus élevé. De même, une association entre la durée d'administration des contraceptifs oraux et le risque d'athérosclérose a été observée chez les femmes souffrant d’endométriose, représentant ainsi un autre facteur de risque de maladie cardiovasculaire.
Une relation avec la mortalité d’origine cardiovasculaire ?
La seule étude qui a examiné la relation entre la mortalité cardiovasculaire et l'endométriose a objectivé une diminution du risque chez les femmes atteintes d'endométriose par rapport aux femmes sans endométriose (HR : 0,55 (IC95% : 0,47-0,65)).
D’autres études sont maintenant nécessaires pour évaluer avec certitude le risque de mortalité par cause cardiovasculaire chez les femmes porteuses d’endométriose.
Et ainsi la mise en place de mesures préventives efficaces comme celles déjà instaurées pour les facteurs de risque cardiovasculaires modifiables déjà connus comme l’HTA, l’obésité, la sédentarité, le tabagisme, le diabète et la dyslipidémie.