Infectiologie
Infections sexuellement transmissibles : la doxycycline en post-exposition
L’étude Doxy-PEP confirme que le risque d’infection sexuellement transmissible (IST) peut être diminué par la prise de doxycycline dans les 72 heures après un rapport sexuel non protégé. La résistance aux antibiotiques est un point à surveiller.
- Peddalanka Ramesh Babu/istock
Selon l’OMS, plus d’un million de personnes par jour dans le monde contractent une infection sexuellement transmissible (IST), autrefois appelée maladie sexuellement transmissible (MST). Un fléau qui peut être prévu par les actions de prévention mais aussi par la prise de certains médicaments au décours ou même avant un acte sexuel exposant.
Ainsi, la prise de doxycycline dans les 72 heures qui suivent un rapport sexuel non protégé peuvent diminuer ce risque selon l’étude Doxy-PEP.
Une étude pragamatique, ouverte et randomisée
Cette étude ouverte et randomisée, incluant des personnes à haut risque d’IST, à savoir dans ce cas, des hommes ayant des relations avec des hommes (HSH) et des femmes transgenres qui, soit suivaient un traitement prophylactique pré-exposition (PrEP) contre l’immunodéficience humaine (VIH), appelée cohorte PrEP, soit vivaient avec une infection à VIH et avaient déjà présenté une infection à Neisseria gonorrhoea (gonorrhée), Chlamydia trachomatis, ou Treponema pallidum (syphilis) au cours de l’année écoulée, constituant alors la 2ème cohorte PVVIH.
Dans chaque cohorte, 2 groupes ont été randomisés et se sont vus prescrire soit 200 mg de doxycycline en prophylaxie post-exposition dans les 72 heures après le rapport non protégé, soit des soins standard sans doxycycline (groupe contrôle). Des tests de dépistage ont été réalisés tous les trimestres. Le critère principal d’évaluation était la survenue d’au moins une IST au cours d’un des trimestres de suivi.
Des différences significatives en présence de doxycycline
Sur les 501 participants, 327 faisaient partie du groupe PrEP et 174 de celui PLWH. Chez les premiers (PrEP), une IST a été diagnostiquée 10,7% des 40 (61 des 570 visites trimestrielles) dans le groupe doxycycline et dans 31,79% (82 des 257 visites trimestrielles) dans le groupe soins standard, soit une différence absolue de -21,2 points de pourcentage et un RR (risque relatif) de 0,34.
Dans la 2ème cohorte PVVIH, une IST a été retrouvée dans 11,8% des cas (36 des 305 visites trimestrielles) dans le groupe doxycycline et dans 30,5% des cas (39 des 128 visites trimestrielles) dans le groupe soins standard, soit une différence absolue de – 18,7 points de pourcentage et un risque relatif de 0,38. Cinq effets indésirables de grade 3 (sévère) ont été décrits mais aucun effet indésirable grave.
Une faible incidence des IST grâce à la doxycycline
L'incidence des trois IST est plus faible avec la doxycycline qu'avec le traitement standard. Dans la cohorte PrEP, les risques relatifs sont de 0,45 pour la gonorrhée, de 0,12 pour la chlamydia et 0,13 pour la syphilis. Et dans la cohorte des PVVIH, les risques relatifs sont respectivement de 0,43, 0,26 et 0,23.
Il s’avère donc que l'incidence de la gonorrhée, de la chlamydia et de la syphilis serait réduite de deux tiers avec la prophylaxie post-exposition à la doxycycline par rapport au traitement standard, ce qui plaide en faveur de son utilisation chez les HSH ayant contracté récemment une IST bactérienne.
Des résistances qui inquiètent
Cependant les chercheurs ont observé sur les cultures de gonorrhée une résistance à la tétracycline chez 5 des 13 participants des groupes doxycycline, soit presque 38,5% et chez 2 des 16 participants des groupes de soins standard, soit 12,5%.
L’apparition de ces résistances a donc entrainé des doutes sur la complète garantie prophylaxique en post-exposition. Ces données sont cohérentes avec celles de l’essai ANRS DoxyVAC qui a montré l’efficacité de la prophylaxie post-exposition des IST bactériennes par la doxycycline en post-exposition et la vaccination contre le méningocoque B (Bexsero®) en préexposition, de manière isolée ou en combinant les 2.