Pneumologie
La ponction trans-bronchique sous écho-endoscopie en 9 questions.
Des recommandations sur la pratique des ponction trans-bronchiques sous écho-endoscopie ont été établies, avec néanmoins un faible niveau de preuve et mettant le doigt sur l’importance de l’accompagnement par l’anatomo-pathologiste dans la réalisation du prélèvement. D’après un entretien avec Samy LACHKAR.
Une étude, dont les résultats sont parus en octobre 2024 dans Chest, a cherché à élaborer des guidelines concernant la manipulation et le traitement des prélèvements issus des ponctions trans-bronchiques par voie écho-endoscopique à visée diagnostique. Il s’agit d’un étude américaine pour laquelle un groupe d’experts a réalisé une revue systématique de la littérature, avec une analyse critique. Ils ont élaboré des questions de type PICO et réalisé une recherche MEDLINE et issue de la bibliothèque Cochrane. Des outils d’évaluation des documents a permis de préciser la qualité des études incluses dans l’étude afin d’en extraire des données significatives, pour obtenir des recommandations fiables. Au total, 9 questions PICO ont abouti à 9 recommandations, fondées sur des preuves.
Des recommandations conditionnelles
Le docteur Samy LACHKAR, pneumologue, responsable de l’Unité d’Endoscopies respiratoires, du Centre Hospitalier Universitaire de Rouen, explique qu’il s’agit d’un sujet très pointu ,s’adressant au écho-endoscopistes et apportant des guidelines de faible évidence. Il n’émet pas de critique méthodologique pusiqu’il s’agit d’un travail réalisé par un comité d’experts précisant le management des prélèvements anatomo-pathologiques lors d’une écho-endoscopie trans-bronchique pour prélèvement ganglionnaire. Samy LACHKAR souligne que les 9 recommandations permettent de constater qu’il existe peu de données dans la littérature et que ces recommandations sont conditionnelles, le niveau de preuve étant trop faible. Il a relevé quelques points notamment sur l’importance ou non de pousser le matériel dans l’aiguille avec de l’air, un stylet ou par rinçage, sur le mode de conservation du prélèvement (formol, sérum salé…). Pour lui, il n’y a pas de recommandations précise sur ces points. Les recommandations concernant le type d’aiguille utilisée n’apportent pas plus de scoop, en préférant les petites aiguilles en cas de cancer bronchique. Le nombre de passages par ganglion serait préférentiellement de 4, au lieu de 3, mais avec un faible niveau de preuve. Samy LACHKAR insiste sur l’importance d’avoir un rapide examen extemporané par l’anatomo-pathologiste, ce qui est recommandé mais difficile à mettre en œuvre.
Un rôle prépondérant de l’anatomo-pathologiste
Samy LACHKAR estime que ce travail n’apporte pas de grande nouveauté et qu’il est toujours préférable d’aller trouver l’anatomo-pathologiste pour discuter avec lui du meilleur procédé, au cas par cas et qu’il est souvent préférables de faire un maximum de prélèvements. Il précise qu’il s’agit de recommandations américaines, et qu’aux USA le nombre d’anatomo-pathologistes est suffisant pour qu’ils puissent rester en salle de prélèvement et juger si celui-ci est convenable. Samy LACHKAR regrette que les auteurs n’aient fait aucune référence à la cryobiopsie, intéressante en cas de lymphome, et de ne s’être intéressés qu’aux cancers du poumon et à la sarcoïdose. Toutefois, il félicite l’initiative de ce travail qui est une première , sans apporter de scoop sur le choix des techniques.
En conclusion, ce premier travail élaborant des guidelines sur la technique de prélèvement trans-bronchique sous écho-endoscopie, même si le niveau de preuve est faible, est intéressant et ouvre la porte à de nouveaux travaux pour obtenir des recommandations plus précises.