Pneumologie
Vieillissement épigénétique : un biomarqueur d’avenir des maladies respiratoires chroniques ?
Les mécanismes épigénétiques, ou épigénomes , pourraient être un outil, qui a terme pourrait servir de biomarqueur, pour du déclin respiratoire. Il s’agit d’une avancée importante mais qui va nécessiter encore beaucoup de travaux de recherche. D’après un entretien avec Anh-Tuan DINH XUAN.
Une étude, dont les résultats sont parus en octobre 2024 dans l’European Respiratory Journal a cherché à montrer comment les biomarqueurs épigénétiques du vieillissement pourraient être utilisés comme de puissants indicateurs du pronostic des maladies respiratoires chroniques et du suivi de la progression de ces maladies. Les auteurs de ce travail ont donc réalisé une revue de la littérature concernant les mécanismes épigénétique et notamment la méthylation de l’ADN qui permettrait de mieux comprendre et traiter les maladies respiratoires chroniques. La méthylation de l’ADN constitue un mécanisme du vieillissement qui peut être pertinent pour le suivi des maladies respiratoires, compte tenu de ses expositions à l’environnement tout au long de la vie. Les résultats de ce travail soulignent le rôle des mécanismes épigénétiques dans le vieillissement et le déclin de la fonction respiratoire.
Quid des mécanismes épigénétiques
Le professeur Anh-Tuan DINH XUAN, pneumologue et professeur de physiologie à l’hôpital Cochin, à Paris, explique que les mécanismes épigénétiques permettent de changer l’expression des gènes sans qu’ils soient affectés par des mutations. Il précise que l’épigénique et l’environnement ont un impact conjoint sur l’expression génétique. Les gènes d’ADN doivent être accessibles pour être exprimés et il existe des mécanismes de contrôle de cette accessibilité. La méthylation des bases de l’ADN, en fixant un CH3 sur une cytosine, modifie l’accessibilité des gènes. La compréhension de ces mécanismes épigénétiques permet d’expliquer les épidémies comme les allergies, l’obésité…En effet, le temps passé depuis l’apparition des changements est trop court pour être expliqué par une mutation génétique. Ann-Thuan DINHXUAN ajoute que tout dépend des mécanismes épigénétique et que ce postulat pousse à repenser la médecine de manière différente…
L’épigénôme serait un outil d’avenir
Anh-Tuan DINH XUAN explique que le principe des mécanismes épigénétiques, appelé épigénôme, est étudié dans ce travail et permet de comprendre ce qui arrive chez certains sujets, ce qui fait référence à la notion d’horloge biologique, aujourd’hui très « à la mode ». En fonction de la vitesse de cette horloge biologique, on peut accélérer le déclin. Anh-Tuan DINH XUAN fait remarquer que les changements de comportements tels que le sevrage tabagique ou l’arrêt de l’exposition à la pollution diminue la vitesse du déclin respiratoire mais que les mécanismes intimes de cette diminution sont mal connus. Il n’existe pas, à l’heure actuelle, d’étude longitudinale permettant de comparer les individus. Il précise que, pour mesurer l’horloge biologique, il faudrait avoir accès aux cellules épithéliales bronchiques, ce qui est invasif et peut poser des problèmes d’adhésion des sujets. Anh-Tuan DINH XUAN ajoute, qu’une fois les modifications étudiées, il est nécessaire de les relier aux autres données cliniques et paracliniques, comme les EFR, par exemple, pour corréler le déclin aux mécanismes épigénétiques. Pour lui, c’est une notion à retenir pour arriver à l’idée de biomarqueur, d’autant que les mécanismes épigénétiques ne sont pas les seuls mécanismes qui conditionnent le vieillissement. Il y a également le microbiome. Ce travail a le mérite d’attirer l’attention, de façon assez précise, sur l’utilisation de l’épigénôme comme outil pour évaluer et pronostiquer l’évolution des maladies respiratoires chroniques.
En conclusion, ce travail met le doigt sur le fossé qui reste à combler avant de pourvoir utiliser l’épigénôme comme un outil et trouver les thérapeutiques qui pourraient agir sur les mécanismes épigénétiques. L’avancée est aujourd’hui conséquente mais il reste encore beaucoup de travail…