Europe et autres pays riches
Anti-cancéreux : les prix varient de un à quatre d'un pays à l'autre
Entre les Etats de l'Union européenne et d'autres pays riches, les disparités de prix des anti-cancéreux sont colossales.
Les prix des nouveaux anti-cancéreux varient énormément, de 28 % jusqu'à 388 %, d’un pays à l’autre en Europe, Australie et Nouvelle Zélande, rapporte une étude dans The Lancet Oncology. Jusqu’à présent, aucune comparaison entre des pays riches n’avait été publiée.
Ces travaux révèlent que les patients britanniques, grecs, espagnols et portugais sont ceux qui déboursent le moins pour avoir accès à ces médicaments alors que les malades suédois, suisses et allemands payent le prix fort.
« Les Allemands atteints de mélanome ou de leucémie payent 223 % plus que le prix officiel de l’interféron alfa-2b que les Grecs, indique la responsable des travaux, Dr Sabine Vogler du Centre collaborateur OMS pour les prix des médicaments et les politiques de remboursement (Vienne, Autriche). Pour le géfitinib, dans le traitement du cancer du poumon non à petites cellules, le prix en Allemagne est 172 % plus élevé qu’en Nouvelle Zélande. »
31 médicaments comparés
Ces disparités touchent de nombreux médicaments, et ce, depuis des années. En effet, les prix de ces produits indispensables pour les patients n’ont cessé d’augmenter et pèsent de plus en plus lourd sur les systèmes de santé.
Au total, les chercheurs se sont penchés sur les prix de vente de 31 médicaments princeps (produits encore brevetés) dans 16 pays de l’Union Européenne, l’Australie et la Nouvelle Zélande.
Ils ont noté que la plus grande différence de prix concernait le gemcitabine (utilisé dans la prise en charge du cancer de l’ovaire, de la vessie, du pancréas, du sein et du poumon non à petites cellules) : un flacon coûte 209 euros en Nouvelle Zélande et seulement 43 euros en Australie. Celui-ci est suivi de près par l’acide zolédronique indiqué dans la prévention des complications des métastases osseuses. Une unité de ce médicament coûte 330 euros en Nouvelle Zélande alors qu’elle est moitié moins chère en Grèce.
Aucun de ces médicaments n’était vendu à moins de 10 euros. Et pour plus d’une dizaine d’entre eux, les prix dépassaient allégrement les 500 euros, certaines pouvant même atteindre 5 000 euros l’injection.
Manque de transparence
Pour les auteurs, ces disparités sont liées à un manque de transparence et la possibilité pour certains Etats de négocier les tarifs avec les industriels. En effet, lors de leurs travaux, ils ont eu accès à peu d’informations sur le prix réel de ces traitements.
« Certains pays à haut revenus ont réussi à obtenir de la part des fabricants des prix plus bas mais ces accords, y compris les prix convenus, sont confidentiels. Bien qu’ils permettent aux patients d’accéder à des nouveaux médicaments, d’autres pays risquent de payer des prix excessifs puisque celui-ci sera décidé en fonction de la demande du laboratoire ou à la suite d’une comparaison internationale. Il faut davantage de transparence », réclame la chercheuse.
Et d’ajouter : « Nous espérons que ces résultats apporteront des preuves aux décideurs afin qu’ils agissent pour faire face à cette hausse des prix et garantir plus de transparence afin que les tarifs ne dépendent du lieu d’habitation des patients »