Pacte Territoire Santé 2

Déserts médicaux : des aides financières pour les jeunes médecins

Marisol Touraine a présenté un second plan pour inciter les médecins libéraux, en particulier les plus jeunes, à exercer dans les territoires manquant de professionnels de santé.

  • Par Julien Prioux
  • Tardivon Jean-Christophe/SIPA
  • 27 Nov 2015
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    Offrir un égal accès aux soins à tous. Pour y arriver, Marisol Touraine, ministre de la Santé, a lancé en 2012 son « Pacte santé territoire » pour lutter contre les déserts médicaux où vivent 2 millions de Français. Les premières mesures ont visé à attirer les médecins généralistes dans des zones qu'ils avaient coutume de déserter.

    Trois ans plus tard, le ministère de la Santé veut, cette fois-ci, encourager les spécialistes à s’installer dans les régions oubliées. Ce « Pacte santé territoire 2 », dont le coût annoncé est de 200 millions d’euros, a été détaillé ce jeudi après-midi à Dijon (Côte-d’Or) dans le cadre du 15ème Congrès annuel du Collège National des Généralistes Enseignants (CNGE).
    Parmi les 10 promesses qui figurent dans le texte, on trouve le développement des stages en cabinet de ville : jusqu'alors réservés aux étudiants en médecine générale, les stages en ville seront ouverts aux étudiants d'autres spécialités comme l'ophtalmologie ou la pédiatrie.

    Une hausse de 6,4 % du numerus clausus 

    Par ailleurs, le numerus clausus en vigueur dans les facultés de médecine sera augmenté de 131 étudiants (hausse de 6,4 %) au profit des universités situées dans dix régions manquant de médecins. Toujours à l'université, la ministre de la Santé a annoncé une augmentation du nombre de médecins libéraux enseignants, et une revalorisation de la rémunération versée aux maîtres de stage.
    De plus, 200 nouveaux Contrats d’Engagement de Service Public (CESP) vont être mis en place d’ici à 2017 : ils permettront à un étudiant de percevoir une aide financière (1 200 euros) en échange d’un engagement pour son installation en zone de pénurie.

    Dans la même veine, le plan prévoit une montée en puissance des contrats de Praticien Territorial de Médecine Générale (PTMG). Le but fixé par Marisol Touraine est la signature de 1 000 de ces contrats en 2017, soit 50 % de plus que prévu actuellement.
    Afin d'accroître encore leur attractivité, ces contrats intégreront désormais la prise en charge d’un congé paternité et des arrêts maladie. Pour rappel, ce dispositif offre déjà aux jeunes médecins généralistes une garantie financière de revenus. Il sera désormais accessible aux spécialistes.

    700 généralistes formés aux urgences en 2017

    Pour tenir son objectif qui est de permettre un accès aux soins urgents en moins de 30 minutes à chaque Français, Marisol Touraine parie sur 200 nouveaux postes de médecins correspondants du Samu qui vont être créés d’ici à 2017.
    Ces généralistes volontaires vont donc participer à la prise en charge des urgences dans un désert médical. A l'heure actuelle, environ 450 praticiens sont déjà dans ce dispositif, créé à l’origine par les médecins de montagne.
    Les médecins étant correctement rémunérés pour ces missions (250 euros par intervention), l'expérience fonctionne très bien en Rhônes-Alpes.
    Mais dans certains déserts médicaux, les acteurs avouent que le système n’est pas adapté à la démographie médicale. C’est le cas par exemple en région Centre, un des territoires les plus sinistrés en médecins. Là-bas, le département de l’Eure-et-Loire (28) serait plus touché que les autres. L’Agence Régionale de Santé (ARS) locale cite par exemple un périmètre entre Dreux et Chartres dans lequel il  n’y a pas de cabinet médicaux.

    Ecoutez...
    Dr Alain Carillion, médecin correspondant du Samu en Ardèche : « Je pense que pour beaucoup, cette rémunération a été une motivation supplémentaire. Dans le passé, quand nous intervenions en urgences, c'était souvent un acte bénévole...»

    Enfin, le plan planifie la création de 200 maisons ou centres de santé supplémentaires. Ils devraient donc y en avoir 1 000 en fonctionnement dans deux ans. Et des expérimentations de télémédecine en ville vont être lancées en 2016 dans neuf régions, au profit des maisons de retraite et de santé, qui bénéficieront d’un plan d’investissement de plus de 40 millions d’euros. Elle concerneront en particulier les patients chroniques et les soins urgents. 

    Les syndicats de jeunes généralistes déçus 

    Du côté des réactions, le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) a déploré dans un communiqué de presse que ce deuxième pacte « ne propose toujours pas de mesures fortes et ambitieuses pour la médecine ambulatoire et notamment la Médecine Générale comme le demande le SNJMG ». Le syndicat aurait souhaité « un arrêt de l'hospitalo centrisme et de la discrimination négative de la Médecine Générale, avec une amélioration des conditions d'exercice et de la couverture sociale des médecins conventionnés ».

    Parlant d'un retour des « mesures gadgets », le SNJMG rappelle à la ministre que le « succès » du PTMG est à ce jour « mitigé » avec environ 1 contrat signé pour 2 proposés et « une tendance à l'essoufflement du recrutement malgré une démarche très proactive des ARS ».
    « De plus, la majorité des signataires étaient déjà installés (installation pleine ou collaboration) et nombre de signataires du contrat de PTMG étaient déjà signataires d'un Contrat d'Engagement de Service Public (CESP) et donc destinés à s'installer dans une zone sous dotée, éligible à un contrat de PTMG », conclut le SNJMG

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