Bureau Européen des Consommateurs

Produits à base de viande : les étiquettes sont parfois trompeuses

A partir de tests, une association conclut que les produits à base de viande ne répondent pas toujours aux attentes des consommateurs. Les étiquettes, parfois, induisent en erreur.

  • Par Julien Prioux
  • Jim Chan/EyePress/NEWSCOM/SIPA
  • 04 Nov 2015
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    Vente sur le marché français d'une viande de cheval ayant servi à la recherche pharmaceutique, boeuf tuberculeux anglais exporté vers la France, ces scandales alimentaires ont émaillé l'actualité ces deux dernières années. Face à ces épisodes successifs, toujours la même question : sommes-nous face à une simple fraude ou y a-t-il aussi des enjeux sanitaires ? Ces tromperies inquiètent toujours les consommateurs. Il y a de quoi.

    Des erreurs délibérées  

    En se fondant sur des tests réalisés par 7 organismes membres du Bureau Européen des Unions de Consommateurs (BEUC) au cours des derniers mois, la Fédération conclut que les produits contenant de la viande vendus sur le Vieux Continent « ne répondent pas toujours aux attentes des consommateurs, et ce quand les étiquettes n'induisent pas délibérément en erreur ».
    Les tromperies prennent diverses formes. Il peut s'agir de jouer simplement sur la dénomination. Par exemple, en Belgique, l'appellation « filet américain préparé » est réservée à des produits contenant uniquement de la viande de bœuf ou de cheval, mais des produits dits « préparé du chef » contiennent du porc, fait remarquer le BEUC.

    Des étiquettes imprécises 

    Autre anomalie repérée par ces consommateurs, les étiquettes sont parfois imprécises. C'est notamment le cas lorsqu'elles ne spécifient pas la quantité de viande contenue dans un produit, ou indiquent une quantité fausse. Cela arrive fréquemment que de l'eau ou d'autres ingrédients remplacent la viande, indique le Bureau.
    L'association néerlandaise Consumentenbond, membre du BEUC, suggère que la définition de l'Union Européenne du terme « viande » peut jouer un rôle.
    En effet, selon cette définition, jusqu'à 30 % de graisses et 25 % de collagènes peuvent être comptabilisés comme de la viande, en plus du muscle.


    Le problème de la présence d'additifs

    Autre problème de sémantique pour les associations de consommateurs : la différence faite par les autorités européennes entre « produits à base de viande » et « préparations de viande ». Utilisés pour rendre certains aliments plus goûteux, les additifs sont suspectés de perturber l'équilibre de la flore intestinale. Ainsi, ils peuvent être plus nombreux dans les produits que dans les préparations, selon la réglementation européenne. Or dans les faits, la frontière entre les deux est floue. Alors que sulfites et phosphates sont interdits dans la plupart des préparations de viande hachée, ils sont autorisés, au Royaume-Uni, dans les spécialités de « viande de burger » et de « saucisses de petit déjeuner ». 

    Par ailleurs, les problèmes d'étiquetage peuvent amener à tromper le consommateur sur la qualité de la viande. Sans précision sur une viande « séparée mécaniquement », il peut manger sans le savoir des restes laissés sur la carcasse d'un animal après la découpe principale, note le BEUC.

    Du poulet dans de l'agneau ?

    Plus grave peut-être, des tests ont révélé que, parfois, la viande n'est pas celle présentée. En avril 2014, soit un an après le scandale de la viande de cheval, l'association britannique Which? a annoncé que dans 40 % des cas de plats à emporter testés à Londres et Birmingham, la viande d'agneau avait été contaminée avec du bœuf ou du poulet.
    « Les Etats membres de l'UE doivent augmenter leurs contrôles et s'assurer que les étiquettes sont complètes et précises », pense Monique Goyens, directrice générale du BEUC, dans des propos rapportés par l'Agence France Presse (AFP).
    Le bureau appelle également à la clairvoyance des consommateurs. « Lisez les étiquettes ! Les producteurs ont des combines plein leurs poches », a conclu, auprès de l'AFP, Camille Perrin, aussi membre du BEUC.

    France : la sécurité alimentaire épinglée par la Cour des comptes

    Après avoir contrôlé l’action des services du ministère de l’Agriculture en matière de sécurité sanitaire de l’alimentation, la Cour des comptes a fait deux constats dans son rapport public annuel 2014. D'une part, « les contrôles réalisés par le ministère de l’Agriculture sont peu nombreux », et d'autre part, « les non-conformités restent rarement sanctionnées. » 
    Ainsi, en 2011, s'agissant par exemple des contrôles réalisés dans les exploitations agricoles ayant constaté une non-conformité sur des végétaux, seuls 1,2 % ont donné lieu à un procès-verbal, 5,5 % à une mise en demeure et 11 % à d’autres suites (destructions, suspension d’agréments, etc). Concernant les contrôles réalisés chez les distributeurs de produits phytosanitaires, seuls 2,3 % ont donné lieu à un procès-verbal, 20,6 % à une mise en demeure et 18,3 % à d’autres suites.
    Enfin, pour les contrôles réalisés en 2012 dans les établissements de production/transformation de denrées d’origine animale, seules 41 % des inspections constatant une non-conformité moyenne ou majeure ont donné lieu à une suite, quelle qu’elle soit (y compris le simple avertissement).

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