Pas de risque de malformations

Antibiotiques : les macrolides peuvent être prescrits pendant la grossesse

L'utilisation des pénicillines et macrolides au cours de la grossesse ne présentent aucun risque malformatif chez le bébé. Ils peuvent être prescrits quel que soit le terme. 

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • Rafael Ben-Ari/Chameleo/REX/SIPA
  • 31 Oct 2015
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    Les femmes enceintes traitées par antibiotique peuvent se rassurer, leur bébé ne craint rien. Une vaste étude canadienne publiée ce vendredi dans la revue Pharmacoepidemiology and Drug Safety confirme que les antibiotiques les plus prescrits, la pénicilline et les macrolides, n’altèrent pas le développement de l’enfant.

    Plus précisément, les chercheurs de l’université de Montréal se sont intéressés aux macrolides, une classe d’antibiotiques suspectée de provoquer des malformations cardiaques congénitales. Les scientifiques ont donc comparé l’usage de cet antibiotique à celui de la pénicilline, un traitement très bien toléré par les femmes enceintes.

    Les chercheurs se sont appuyés sur les données de santé de plus de 135 800 femmes enceintes et de leurs enfants recueillis entre 1998 et 2008. Dans cet cohorte, aucune femme n'a reçu de traitement connu pour ses effets tératogènes ou ayant reçu un autre antibiotique que de la péniciline ou des macrolides. « Parmi les femmes étudiées, 92 % n'ont pas reçu d'antibiotique au cours de leur grossesse, 6,7 % on reçu des pénicillines et 1,7 % ont reçu des macrolides lors du premier trimestre de grossesse. Et nous avons identifié 9,8 % des femmes enceintes qui ont donné naissance à un enfant atteint d’une cardiopathie congénitale, détaillent les auteurs. Après des analyses statistiques, nous n’avons trouvé aucune association significative avec cette famille d’antibiotiques. »

    Des molécules fréquemment utilisées

    Une nouvelle rassurante pour les femmes enceinte qui sont fréquemment traitées par antibiotiques. « L’infection urinaire est l‘infection la plus fréquente au cours de la grossesse et c’est celle qui justifie très souvent la prescription d’antibiotiques, explique à Pourquoidocteur le Pr Olivier Graesslin, responsable du service de gynécologie-obstétricique au CHU de Reims. On utilise surtout et en première intention la pénicilline. La durée de l’antibiothérapie dépend du profil et du type d’infections urinaires. » 

    Si le germe en cause dans l’infection n’est pas sensible à la pénicilline, le médecin adapte le traitement antibiotique. « Les macrolides sont une alternatives aux pénicillines, notamment pour les personnes allergiques », soulignent les auteurs. 

    Pour Olivier Graesslin, les résultats de l’étude canadienne permettent de confirmer l’innocuité de ces antibiotiques. « On sait depuis longtemps que les pénicillines n’augmentent pas les risques malformatifs et qu’on peut les utiliser au cours de la grossesse, commente le Pr Olivier Graesslin. Concernant les macrolides, de nombreuses nouvelles molécules arrivent sur le marché. Il est donc important de savoir qu’elles sont utilisables chez la femme enceinte ». 

    D'autres sont à éviter

    En revanche, certaines études alertent sur les risques malformatifs liés à la consommation d’autres familles d’antibiotiques comme les sulfamides, quinolones ou encore les cylines. Ces médicaments présentent de très lourds effets indésirables comme des anomalies de développement du cartilage ou un dysfonctionnement des reins. Par ailleurs, pour certaines molécules les effets éventuels ne sont pas connus ou aucune donnée n'a établi de tératogénécité car peu de recherches ont été menées.

    Ecoutez...
    Olivier Graesslin, responsable du service de gynécologie-obstétricique au CHU de Reims : « Nous avons des registres qui nous permettent de savoir quel type de médicament peut être utilisé au cours de la grossesse, qui doit être évité ou absolument évité. Mais dans certaines situations, il n’y a qu’un seul médicament qui va être utile et efficace pour traiter et soigner la patiente et dans ces situations on est coincé. »

    « Pour déterminer quel médicament peut être utilisé ou justement à éviter, des guides de bonnes pratiques et des registres existent et permettent au médecin de se renseigner », explique le gynécologue. C’est notamment, le cas du site internet du Centre de référence sur les agents tératogènes (CRAT) rédigé par des professionnels de santé, mais accessible à tout public. Celui-ci précise d'ailleurs que « les macrolides actuellement sur le marché peuvent être utilisées quel que soit le terme de la grossesse ». Il indique également que l'usage des pénicillines et des macrolides est ne pose pas de problème non plus lors de l'allaitement.

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