Alerte de l'ANSM
Cannabis : 247 hospitalisations d'enfants après une ingestion
Les intoxications pédiatriques liées à l'ingestion accidentelle de cannabis sont en forte hausse, selon l'ANSM. Les enfants de moins de deux ans sont particulièrement touchés.
Ne laissez pas traîner vos pochons de marijuana : les enfants, avec leur curiosité naturelle, pourraient bien être tentés d’en ingérer le contenu. Cette expérience, loin de leur procurer les douceurs d’un plaisir grisant, risque surtout de les envoyer à l’hôpital avec un pronostic vital sérieusement engagé.
C’est l’ANSM qui tire l’alarme dans son dernier bulletin Vigilances (octobre 2015, N°67). L’Agence a été alertée par les réseaux d’addictovigilance et les ARS (Agences Régionales de Santé) d’une hausse des cas d’intoxication au cannabis par ingestion accidentelle, en particulier chez des enfants de moins de deux ans.
Les enfants de moins de deux ans concernés
Pour suivre de plus près ce signal, l’ANSM a demandé au CEIP (Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance) de Toulouse de mettre en place une surveillance et une remontée des cas dans la région Midi-Pyrénées, d’où le signalement est parti.
Entre 2010 et 2014, le réseau d’addictovigilance a rapporté 140 notifications d’intoxications pédiatriques liées à l’ingestion accidentelle de cannabis, dont 59 pour la seule année 2014. Au total, 120 enfants ont été hospitalisés au moins 24 heures.
En France, cette situation n'est pas isolée. En effet, une analyse de la base nationale du PMSI (Programme de médicalisation des systèmes d'information) de 2010 à 2014 a montré une augmentation constante du nombre d’hospitalisations liées à l’ingestion de cannabis chez les enfants de moins de 2 ans, avec un total de 615 cas, survenus principalement en 2013 (151 cas) et 2014 (247 cas).
Bad trip
Les enfants hospitalisés après avoir mangé du haschich ou de l’herbe présentaient un tableau clinique associant des troubles de la conscience, des troubles cardiaques (bradycardie, tachycardie), des troubles ventilatoires (bradypnée, apnée) et des convulsions.
Dans neuf cas, le pronostic vital a été engagé, nécessitant une hospitalisation en réanimation ou en soins médicaux continus. L’évolution a été favorable et aucun décès n’a été décrit à ce jour en France.
Les régions les plus touchées par ce phénomène en 2014 sont l’Île-de-France (49 cas), PACA (39 cas), Rhône-Alpes (29 cas), Languedoc-Roussillon (26 cas) et Midi-Pyrénées (15 cas).
Trouver une planque
À l’échelle internationale, ue tendance similaire s'observe en Espagne, aux États-Unis, au Maroc, en Israël et en Italie, notent les rédacteurs du bulletin de l’ANSM. « Cette hausse des intoxications pédiatriques se fait en parallèle de l’augmentation de la consommation de cannabis dans la population générale et sans doute également de celles des teneurs en tétrahydrocannabinol (THC) du cannabis qui sont de plus en plus élevées », notent-ils. De fait, les teneurs en THC ont, en moyenne, été multipliées par trois depuis 15 ans pour atteindre en 2013, 17,4 % dans la résine et 12,6 % dans l’herbe.
L’ANSM souhaite sensibiliser les parents sur la nécessité de tenir le cannabis hors de portée et de vue des enfants, en particulier des plus jeunes. En somme, de se trouver une bonne planque ! Une recommandation qui vaut aussi pour les animaux, alors que de nombreux vétérinaires reçoivent dans leur cabinet d’innocents chiens et chats, consommateurs malgré eux et victimes de leur gourmandise.