Commission d’enquête internationale humanitaire
Kunduz : MSF demande une enquête pour crime de guerre
Suite au bombardement de l'hôpital de Médecins sans Frontières à Kunduz ce samedi, l'ONG demande une enquête internationale. L'armée américaine parle d'une « erreur ».
« Une erreur », qui sera entièrement investiguée. C’est ainsi que le Général John F Campbell, plus haut gradé américain en Afghanistan, qualifie le bombardement de l’hôpital de l’ONG Médecins sans Frontières, à Kunduz samedi dernier.
Il s’agit de l’une des attaques américaine les plus meurtrières contre des civils ces dernières années, et la plus grande perte humaine jamais subie par MSF lors d’un bombardement.
Stabiliser le pays
Interrogé par la Commission des Forces Armées du sénat, le Général, qui commande la mission de l’OTAN dans le pays, a regretté la frappe aérienne qui a coûté la vie à au moins 22 personnes. Néanmoins, il estime qu’aucune conclusion sur les responsabilités individuelles ne sera dévoilée avant la fin de l’enquête interne lancée par l’armée américaine.
Le Général Campbell a simplement précisé que le bombardement était intervenu à la demande des forces afghanes, en lutte contre les Talibans dans la ville de Kunduz depuis le 28 septembre, et qu’il avait ensuite été approuvé par le commandement américain. Beaucoup d’éléments restent à éclaircir. Par exempe, on ne sait pas encore si les pilotes se sont trompés de cible, ou bien s’ils ne savaient pas que le bâtiment était un hôpital militaire.
Le bombardement intervient au mauvais moment pour les Etats-Unis, qui sont en train de repenser leur plan de retrait des 9800 soldats encore en exercice en Afghanistan, avant la fin de l’année. Lors de son interrogatoire, le Général Campbell a insisté sur la nécessité de conserver plus de militaires sur place, afin de stabiliser le pays.
En appeler à la Convention de Genève
La présidente de MSF International, le Dr Joanne Liu s’est insurgée de cette réponse, et de l’attitude des forces armées. Dans de telles conditions, elle estime qu’on ne peut pas parler d’erreur, mais bien de « crime de guerre ». « Les conséquences de cette attaque ne peuvent tout simplement pas être écartées au motif qu’il s’agit d’une erreur, ou que c’est l’inévitabilité de la guerre », martelait t-elle encore hier.
Ce matin, l’ONG, qui ne fait nullement confiance aux enquêtes internes réalisées par l’Armée américaine et par l’OTAN, est allée plus loin. Elle a affirmé sa volonté de saisir des observateurs indépendants pour faire toute la lumière sur ce qui s’est passé.
Elle fait appel à un protocole de la Convention de Genève, encore non utilisé jusqu’à ce jour. Signée en 1991, la Convention régule le droit humanitaire international et la protection de civils en zone de conflit. MSF demande aux signataires de saisir la Commission d’enquête internationale humanitaire pour la première fois, pour enquêter sur le bombardement.
« Nous demandons aux états signataires de saisir la Commission pour que la vérité soit faite et réaffirmer ainsi leur attachement au statut protégé des hôpitaux en zones de guerre », déclare Joanne Liu.