Thérapies géniques, médicaments…

Virades de l’espoir : de nouvelles armes contre la mucoviscidose

De nouvelles thérapies permettent d'améliorer les symptômes des malades en s'attaquant à la cause : une mutation génétique.

  • Par Anne-Laure Lebrun avec Audrey Vaugrente
  • Visuel de la campagne de Vaincre la mucoviscidose
  • 26 Sep 2015
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    « Cela a produit une sorte de choc pour les microbes que j’avais dans les poumons, un gifle monumentale. Pour la première fois en 30 ans, j’ai eu l’impression de comprendre ce que cela faisait de respirer avec des poumons normaux. J’ai senti l’air qui arrivait jusqu’au fond de mes poumons, jusqu'aux alvéoles qui n'avaient pas reçu d'air depuis belle lurette. » Depuis ses 8 ans, Benoît est atteint de la mucoviscidose. Ce n’est que l’année de ses 32 ans qu’il reçoit un traitement novateur.
    L’expérience relève du miracle : du jour au lendemain, l’homme récupère presque toute sa capacité respiratoire. Une amélioration rendue possible par le Kalydeco (ivacaftor, VERTEX), un médicament qui cible une mutation de la mucoviscidose. A l’occasion des Virades de l’Espoir, qui se tiennent ce dimanche 27 septembre, Pourquoidocteur fait le point sur les avancées de la recherche.

    Une évolution inexorable

    La mucoviscidose est une maladie génétique et chronique qui touche les poumons et le système digestif. Avec le temps, les symptômes s’aggravent. « Fin d’année 2014, c’est devenu vraiment problématique, se souvient Benoît. Je suis resté presque 6 mois sous antibiotiques entre voie orale, aérosol et cure intraveineuse. C’est devenu très lourd, le pire étant que le traitement faisait de moins en moins d’effet. »

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    Benoît, patient atteint de mucoviscidose : « On a régulièrement des surinfections au niveau pulmonaire. C’est à la fin de mes études que ça a commencé à s’aggraver plus rapidement. »


    Les traitements symptomatiques sont nombreux dans la mucoviscidose. Mais ce que les patients attendent vraiment, c’est un traitement définitif, qui guérisse les causes de la maladie. « Au fil des années, si on n’intervient pas avec des thérapies stabilisantes, on risque d’arriver à une situation nécessitant une transplantation pulmonaire », résume le Dr Paola de Carli, directrice scientifique de l’association Vaincre la mucoviscidose. Et c’est là que le bât blesse : très peu de traitements sont disponibles.

    Efficacité partielle

    En France, un seul médicament est sur le marché : le Kalydeco. Mais il ne s’adresse qu’aux patients atteints d’une mutation spécifique, et ce n’est pas la plus fréquente. L’autre est en attente d’autorisation de mise sur le marché (AMM), et cible une mutation plus courante. Leur effet se ressent très rapidement.

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    Benoît : « J’ai pris le premier comprimé un soir. En me couchant, j'ai eu une sensation très bizarre, comme si un organe de mon corps se remettait en marche. Je ne peux pas le décrire autrement. »


    La limite des médicaments comme le Kalydeco, c’est qu’ils ont une efficacité partielle. « On ne peut pas parler de guérison aujourd’hui, rappelle Paola de Carli. Les malades doivent continuer à prendre les traitements symptomatiques. Il faut encore beaucoup de recherche, car pour beaucoup de malades, la seule issue est la transplantation pulmonaire. »

    Combiner les approches

    L’autre limite de ces médicaments réside dans leur mode d’action : ils ciblent la protéine à l’origine des symptômes… et non le gène qui produit cette protéine. La thérapie génique semble donc une solution bienvenue.

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    Paola de Carli, directrice scientifique de Vaincre la mucoviscidose : « Cette année, des résultats très intéressants ont été publiés. Ils prouvent qu’il est possible d’avoir une certaine efficacité. Les chercheurs sont convaincus qu’il faut avancer sur cette voie. »


    Seul problème : la thérapie génique est réalisée par un aérosol, qui propulse le vecteur et le gène réparé dans les poumons du patient. Mais alors, que se passerait-il si ces deux solutions partiellement efficaces étaient combinées ? C’est justement la question que pose Paola de Carli. A ses yeux, l’association des molécules, c’est l’avenir de la mucoviscidose. « La thérapie génique a le grand avantage de s’adresser à l’ensemble des malades, vu qu’on propose un gène normal. Mais elle a une limite : elle ne concerne que le système respiratoire puisqu’on cible les poumons via l’aérosol.
    La thérapie de la protéine, qui a la limite de cibler des catégories spécifiques de mutation, a l’avantage d’être systémique. Une fois qu’on ingère cette molécule, elle va partout dans le corps, l’efficacité clinique peut donc se ressentir au niveau des poumons… mais aussi du système digestif. »

    Il faudra bien sûr de longues années de recherches avant de parvenir à ces résultats. C’est pourquoi il est important de poursuivre l'effort sur d’autres aspects cruciaux de la mucoviscidose : le développement de nouveaux antibiotiques efficaces, et l’optimisation de la transplantation pulmonaire qui reste, à ce jour, la seule solution définitive à la maladie.

    Les 3 défis pour la recherche sur la mucoviscidose

    1 – Soigner les malades avec des traitements efficaces, qui permettent de vivre avec la maladie.

    2 – Réparer les atteintes causées par la maladie.

    3 – Guérir définitivement les 7 000 patients atteints par la mucoviscidose.

    Retrouvez les différentes actions organisées à l’occasion des Virades de l’Espoir (image cliquable) :

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