Etude de 60 millions de consommateurs
Allergènes : la moitié des produits cosmétiques à éviter
La moitié des produits cosmétiques sont à éviter. Entre allergènes, irritants et autres produits toxiques, le bilan de 60 millions de consommateurs est négatif.
Gel douche, shampoing, dentifrice, crème, fond de teint… Dans son dernier test, le magazine 60 millions de consommateurs suit la journée d’une femme ordinaire. Baptisée Madame T., elle utilise différents produits cosmétiques. La moitié d’entre eux ne devraient pas être utilisés, à en croire les résultats. Les parabènes persistent, malgré l’interdiction, et les allergènes s’accumulent.
93 produits cosmétiques, destinés aux hommes comme aux femmes, ont été passés en revue par les experts de l’Institut National de la Consommation. Le résultat est édifiant : un produit sur deux contient des produits allergisants, toxiques ou irritants. Dans certains gels douche, l’INC a même retrouvé… des filtres ultra-violets !
Les parabènes se poursuivent
« Quand on sait qu’un cosmétique peut incorporer dix à vingt molécules différentes, parfois même davantage, on peut estimer que sur 24 heures, cent à deux cents ingrédients cosmétiques ont été en contact avec (la) peau », déplore 60 millions.
Et c’est le phénoxyéthanol qui est utilisé le plus couramment. 26 produits, de la crème pour le visage ou pour le corps au lait démaquillant, en passant par la mousse à raser, utilisent cet antimicrobien controversé.
A l’inverse, l’autre antibactérien triclosan a quasiment disparu depuis son interdiction dans les mousses à raser et après-rasage, en 2014. On ne le trouve plus que dans une marque de dentifrice, qui reste très largement commercialisée. Côté dentifrice, justement, l’INC s’étonne de trouve du propylparaben – dont la concentration est limitée par la Commission européenne. Car les parabènes continuent d’être largement sollicités par les fabricants de cosmétiques. 4 marques y recourent toujours, y compris dans le haut de gamme.
Le fond de teint mauvais élève
Si l'association s’alarme, c’est que beaucoup des produits testés n’ont pas vocation à être rincés. C’est le cas des laits pour le corps ou des crèmes pour le visage, qui restent en contact avec la peau toute la journée. L’action perturbatrice endocrinienne des parabènes se révèle alors inquiétante.
Mais ce sont les allergènes qui posent le plus souvent problème : sur les 93 produits testés, seuls 21 n’en contiennent aucun. Pour le reste, le nombre de molécules allergisantes peut grimper jusqu’à 14. Le fond de teint s’avère être un particulièrement mauvais élève dans le domaine… et une marque de luxe « velours » détient le record.
Seule nouvelle rassurante : deux composés provoquant un eczéma de contact, le méthylisothiazolinone (MIT) et le méthylchloroisothiazolinone (MCI) sont assez peu fréquents.
Focus sur 4 produits analysés
Méthylisothiazolinone (MIT) : Ce substitut bon marché du parabène est utilisé comme bioicide et conservateur. Il évite la prolifération des bactéries et des champignons dans les produits, mais sa concentration ne doit pas excéder 0,01 %. Cette substance est controversée car elle provoque un eczéma de contact chez certaines personnes, qui se manifeste par des plaques rouges et des démangeaisons.
Méthylchloroisothiazolinone (MCI) : Ce composé organohalogéné est également utilisé pour détruire les micro-organismes dans les produits cosmétiques. Mais en plus de provoquer un eczéma de contact, il est suspecté de libérer du formaldéhyde, un cancérogène avéré pour l’homme.
Triclosan : Utilisé comme anti-bactérien, il est interdit dans les mousses à raser et les produits d’après-rasage pour son effet de perturbateur endocrinien suspecté. Mais ce bioicide, qui peut traverser la barrière de la peau et les muqueuses, reste autorisé dans les dentifrices, le savon, le déodorant en spray, la poudre pour le visage, le fond de teint et les produits de nettoyage des ongles – même si sa concentration est limitée à 0,3 %.
Phénoxyéthanol : Cet antimicrobien est pointé pour ses effets allergisants et toxiques pour le sang et le foie. Depuis 2002, une réglementation européenne limite sa concentration à 1 %, mais il reste très largement utilisé dans de nombreux produits.