Risque environnemental
Diabète gestationnel : l'exposition aux polluants augmente le risque
L'exposition à certains polluants organiques résistants durant la grossesse est associée à un risque 4 fois plus élevé de diabète gestationnel.
Chez les femmes enceintes, une exposition aux polluants organiques 10 fois supérieure à la normale est associée à un risque 4 fois plus élevé de diabète gestationnel, révèle une étude présentée au Congrès annuel de l’Association européenne pour l’étude du diabète (EASD) et publiée prochainement dans la revue Diabetologia.
De nombreux travaux ont déjà montré chez le rat et les humains que certains herbicides comme l’atrazine entraînent une résistance à l’insuline et la survenue d’un diabète gestationnel. Ici, les chercheurs grecs de l’université de Crête (Heraklion) se sont intéressés aux polluants organiques persistants (POP).
Accumulation et persistance
Ces pesticides ou insecticides s’accumulent dans l’environnement et les êtres vivants, et se dégradent très lentement. Malgré l’interdiction d’un grand nombre de ces produits depuis des décennies (DDT, toxaphène, chloradane…), on en retrouve des quantités mesurables partout dans le monde, même dans des régions qui n’en ont jamais utilisés.
Le lien entre leur utilisation et l’apparition de cancers du sein, leucémies ou lymphomes, ou encore de troubles de la reproduction est aujourd’hui reconnu. En revanche, peu de travaux ont évlaué leur effet sur le diabète.
Pour ces travaux, près de 640 femmes enceintes participant à la cohorte grecque Rhea ont été suivies. Grâce aux échantillons sanguins recueillis, les chercheurs ont pu déterminer les concentrations des trois types majeurs de POP émis non intentionnellement par l’industrie (PCB, HCB et HAP). Entre les 24e et 28e semaines de grossesse, les femmes enceintes ont été examinées pour dépister un éventuel diabète gestationel.
Le PCB mis en cause
Au total, 7 % des femmes ont développé une résistance à l’insuline durant leur grossesse. Ce taux correspond à la prévalence actuelle du diabète gestationnel en France, où 2 à 6 % des femmes sont touchées. Toutefois, en éliminant tous les facteurs confondants, les auteurs ont noté un risque multiplié par 4 si les femmes présentaient des concentrations de PCB 10 fois plus importantes que la normale. Il apparaît, par ailleurs, que les deux autres POP testés ne sont pas associés au diabète gestationnel.
« Alors que de nombreux pays à travers le monde, dont la Grèce, font face à une prévalence croissante de diabète gestationnel, ces résultats sont important du point de vue de la santé publique ainsi que la connaissance du risque environnemental qui pourrait contribuer à inverser la tendance », indiquent les auteurs. Ils ajoutent que leurs prochains travaux examineront le lien entre une exposition prénatale aux PCB et le développement d’un diabète durant l’enfance.