Police scientifique

De nouveaux marqueurs génétiques pour confondre les criminels

Pour identifier des auteurs de crime ou de délits via leur ADN, la police scientifique aura recours à de nouveaux marqueurs génétiques.

  • Par Marion Guérin
  • SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA
  • 05 Sep 2015
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    La police scientifique affûte ses outils. Pour confondre délinquants et criminels à partir de leurs empreintes génétiques, de nouveaux marqueurs ont été intégrés à la liste de ceux utilisés jusqu’ici. Un décret paru fin août dans le Journal Officiel fixe ainsi la liste des segments d’ADN qui serviront désormais à l’analyse génétique.

    5 marqueurs supplémentaires 

    Pour identifier les auteurs d’une infraction, douze marqueurs génétiques seront désormais analysés, au lieu de sept aujourd'hui. Ces marqueurs sont analysés à partir de l’ADN laissé sur les scènes d’infraction, grâce à des traces biologiques « riches » (salive, sang, sperme) ou « faibles » (cellules de peau). Ils sont ensuite comparés aux données du Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (FNAEG), qui contient l’ADN de plus de trois millions d’individus en France.

    « C’est une bonne nouvelle, se réjouit Laurent Pène, chef de la Division Identification de la Personne du laboratoire de police scientifique de Lyon. Cela va nous permettre d’améliorer l’échange d’informations entre pays de l’Union Européenne, alors que les auteurs d’infractions voyagent de plus en plus ».

    En effet, au sein de l’Europe, les méthodes d’investigation diffèrent, et les marqueurs retenus pour l’analyse génétique ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre. « Le problème, c’est que ces divergences augmentent le nombre de faux positifs, poursuit Laurent Pène. On pense tomber sur une correspondance d’ADN, mais en fait, il s’agit d’un hasard, qui ne permet pas d’établir l’identification ». L’augmentation du nombre de marqueurs a vocation à réduire le taux de ces correspondances fortuites.


    Séquençage d'ADN, génome humain. Chaque colonne correspond
    à une séquence. Inserm/Michel Depardieu

     

    De nouvelles machines

    Ce décret s’inscrit ainsi dans le cadre du Traité de Prüm. Signé en 2005 par les Etats membres de l’UE, le texte renforce la coopération policière et l’échange d’informations entre eux. Il vise, en priorité, à lutter contre le terrorisme, la criminalité organisée et la migration illégale. Trois grands types d’information sont ainsi partagés : les plaques d’immatriculation, les analyses de traces capillaires et les analyses génétiques.

    L’Allemagne, l’Autriche ou encore l’Angleterre ont également adopté les nouveaux marqueurs génétiques. En France, cette modification des méthodes d’analyse va devoir s’accompagner d’une modernisation des outils informatiques permettant le séquençage. « Au laboratoire de Lyon, trois machines ont été acquises pour un montant de 200 000 euros », précise Laurent Pène. Parmi elles, un tout nouveau système d'électrophorèse capillaire, qui sépare les fragments d’ADN.

    Avec ces nouveaux outils, criminels et délinquants auront du mal à échapper aux griffes de la police. D’autant plus que le séquençage génétique est de plus en plus rapide, et de moins en moins cher. « On peut analyser des traces biologiques prélevées en garde à vue en deux à trois heures », explique Laurent Pène.

    Pour l’ADN d’un délinquant, il faut compter entre 20 et 100 euros. « Si l’essai ne donne lieu à aucune correspondance, nous ne poursuivons pas les recherches, nous faisons simplement un rapport ». L’ADN d’un criminel exigera une analyse plus exhaustive et des essais supplémentaires si les premiers sont négatifs. Il faut alors compter aux alentours de 200 euros.

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