Accusations infondées

Statines : l'Assurance maladie plaide coupable auprès des généralistes

Cet été, l'Assurance maladie reprochait à tort à des milliers de généralistes de prescrire de nouvelles molécules sans accord préalable. Certaines CPAM font leur mea culpa.

  • Par Bruno Martrette
  • SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA
  • 31 Aoû 2015
  • A A

    L'affaire avait encore envenimé les relations entre l'Assurance maladie et les médecins libéraux. Fin juin 2015, des milliers de généralistes ont reçu, à tort, un courrier accusateur de leur Caisse Primaire d'Assurance Maladie (CPAM) sur leurs prescriptions des dernières statines mises sur le marché (non génériquées et prescrites largement à l’hôpital).
    Il était reproché aux médecins d'initier des traitements par l'une de ces molécules sans avoir obtenu l'accord préalable du service médical de leur CPAM.  En effet, depuis le 24 juin 2014 , les généralistes doivent appliquer la procédure préalablement citée avant d'initier tout traitement par rosuvastatine (CRESTOR®) et ézétimibe (EZETROL®). Or, en l'espèce, ils avaient seulement renouvelé des ordonnances. Ils étaient donc en toute conformité avec les récents décrets.
    Sauf qu'à l'époque, l'Assurance maladie jouait la politique de l'autruche. Elle avait en effet répondu à Pourquoidocteur qu'elle ne souhaitait faire aucun commentaire sur le sujet. Une position qui a évolué.

     

    Un bug informatique à l'origine des envois 

    Ce lundi matin, le Dr Jean-Jacques Fraslin, créateur de l'observatoire des systèmes d'informations de santé Google+, a posté sur Twitter une capture d'écran d'un courrier qu'il a reçu de l'Assurance maladie Loire-Atlantique où il est écrit : « Docteur, au cours des deux derniers mois, vous avez reçu de nombreux courriers de rejets et signalements présentant des anomalies. Ces envois étaient dus à un dysfonctionnement de notre système informatique indépendant de notre volonté ».

     

    Seules 2 CPAM se seraient excusées 

    Heureusement pour les médecins concernés, cette CPAM indique que « tout a été mis en œuvre pour résoudre ce problème, et depuis le 17 août, cette anomalie est solutionnée ». Enfin, elle conclut : « Je vous prie d'accepter mes excuses pour les désagréments occasionnés par ces envois répétés ».
    Contacté par Pourquoidocteur, le Dr Marcel Garrigou-Grandchamp, de la Cellule juridique de la FMF (1), qui avait révélé l'affaire confie : « C'est la deuxième CPAM qui s'excuse officiellement auprès des médecins, après celle de Montpellier. Je trouve que c'est élégant parce que des milliers de praticiens se sont sentis accusés à tort ». Il rajoute : « Beaucoup attendent toujours les excuses de leur CPAM. Cela serait tout à leur honneur s'ils saisissent cette perche », pense-t-il. 
    D'après un recensement effectué par la rédaction, des lettres accusatrices étaient arrivées dans de nombreuses régions : Essonne (518 médecins), Haute-Marne, Bouches-du-Rhône, Gers, Cher, Yonne, Nord, Saône-et-Loire, etc.

     

    Le harcèlement des caisses se poursuivrait  

    Pourtant, ce médecin tient aussi à rappeler la réalité des rapports actuels entre les deux acteurs : « Les relations entre les médecins libéraux et l'Assurance maladie sont toujours aussi tendues », affirme-t-il. « Actuellement, on est en pleine période de harcèlement pour les indemnités journalières, j'ai un nombre incalculable de dossiers sur toute la France. Ce sont des procédures qui reviennent régulièrement », déplore-t-il. En l'espèce, il est reproché à ces médecins de ne pas avoir fait valider par l'Assurance maladie des arrêts de travail prescrits à leurs patients

    (1) Fédération des Médecins de France 

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