Congrès à Paris
Hypnose : la médecine conquise par ses bienfaits
Loin des clichés habituels, l’hypnose est de plus en plus utilisée par les médecins. Elle permet notamment de gérer la douleur et de compléter les bénéfices de certains médicaments.
- L'hypnose est utilisée par les anesthésistes pour réduire les doses de médicament (Virginia Mayo/AP/SIPA)
L’hypnose entre en congrès. Loin d’une imagerie parfois fantaisiste, voire ésotérique, elle peut apporter de réels bénéfices dans le monde de la santé. A l’occasion du congrès de la Confédération francophone de l’hypnose et des thérapies brèves, et de la Société internationale pour l’hypnose, qui s’ouvre ce 27 août à Paris, Pourquoidocteur fait le point sur une discipline que l’Académie nationale de médecine apparente à « une technique de psychothérapie ».
Une faculté naturelle
Le congrès « Hypnose : racines et futur de la Conscience » se targue d’attirer Porte Maillot (Paris) pas moins de 2 300 conférenciers. Il faut dire que cette technique est de plus en plus sollicitée en médecine. En 2013, l’Académie nationale de médecine lui consacre même plusieurs pages dans son rapport consacré aux thérapies complémentaires. « Elle est de plus en plus largement utilisée », soulignent les Académiciens.
L’hypnose, « c’est d’abord une approche relationnelle qui permet au sujet de puiser en lui ses propres ressources pour gérer l’inconfort douloureux ou psychologique, à côté de tout ce qui est médicamenteux. » Cette définition, c’est le psychiatre toulousain Léonard Amétépé, contacté par Pourquoidocteur, qui l’apporte. Ce spécialiste aime à comparer l’hypnose au fait de décrocher lors d’une réunion. « Lors d’une séance d’hypnose, ce décrochage est guidé par un thérapeute. Il permet au patient de se placer dans ce moment de flottement durant lequel on peut réaménager sa façon de se sentir, de se voir, de se comporter. »
Réduire les doses de médicaments
Les domaines d’application sont pour le moins larges : les essais référencés sur la base de données PubMed vont de la dépression à la gestion de la douleur – y compris dans la fibromyalgie – à des troubles tels que la colite ulcéreuse, le syndrome du colon irritable ou la schizophrénie.
Une apparente diversité qui recèle des points communs, comme le remarque l’Académie de médecine : « Sous la diversité des étiquettes diagnostiques, le but du traitement est toujours la maîtrise de symptômes fonctionnels (…) ou de troubles d’organicité interne. » Dans la pratique, la principale utilisation de l’hypnose reste la gestion de la douleur, « parce que beaucoup d’études ont été réalisées à ce sujet », précise Léonard Amétépé. Elle permet notamment de réduire la consommation de médicaments.
L’hypnose s’avère utile en complément de la médecine conventionnelle. Ce psychiatre s’en sert notamment pour aider les patients schizophrènes, stabilisés grâce aux médicaments, à améliorer leur comportement social. « De plus en plus de centres l’utilisent en anesthésie lors d’opération », ajoute le Dr Amétépé.
C’est notamment le cas à l’Institut Curie (Paris). « On sait aussi que beaucoup de gens sont traumatisés par le dentiste, sourit le psychiatre. Un accompagnement par l’hypnose facilite les soins, pour le médecin comme pour le patient. »