Classer en fonction de la complexité

Consultation médicale : la CSMF veut mettre fin au tarif unique

Le premier syndicat de médecins libéraux appelle à une refondation tarifaire en mettant en place une classification des consultations, en fonction de leur complexité.

  • Par Bruno Martrette
  • Au premier plan : le Dr Jean-Paul Ortiz, Président de la CSMF, ROMUALD MEIGNEUX/SIPA
  • 26 Aoû 2015
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    La rentrée sera chaude entre les organisations syndicales de médecins et l'Assurance maladie. Lors d'une conférence de presse organisée ce mercredi, la CSMF (1), le principal syndicat de médecins libéraux, a dénoncé le blocage des tarifs des actes médicaux dans le cadre conventionnel « à cause d'une valeur inchangée depuis des années ».
    Pour le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, la consultation à 23 euros des généralistes serait aujourd'hui « déconnectée de la réalité quotidienne des cabinets médicaux et c’est un tarif irrespectueux, eu égard à l’engagement professionnel des médecins ».

     

    « L'exercice médical s'est totalement transformé »  

    Le président de la CSMF s'est justifié en rappelant que l’exercice médical s’était « totalement » transformé ces dernières années et que les charges pour les médecins avaient évolué. Tout comme les salaires des employés des cabinets médicaux et la notion de conjoint collaborateur, un avantage qui est « en train de disparaître ».
    De plus, comme beaucoup de médecins, Jean-Paul Ortiz a évoqué la demande de soins qui a changé. « Aujourd’hui, le médecin n’intervient plus pour de petits actes grâce à l’automédication. Le vieillissement de la population, l’émergence de maladies chroniques et intriquées, de patients polypathologiques nécessitent une prise en charge plus lourde et plus longue par le médecin », a-t-il décrit. Aujourd'hui, face à cette nouvelle patientèle, le médecin a juste la possibilité de majorer un peu le tarif intial, mais dans un cadre très précis. 

     

    Classer les consultations selon leur complexité 

    Concrètement, ce syndicat appelle désormais à rebattre les cartes. « Nous ne pouvons plus nous battre pour 1-2 euros supplémentaires à la consultation tous les 4 ans. Les majorations (MPC, MCS, MNO, MCJ...) sont minimes et constituent un imbroglio tarifaire. Les actes médicaux cliniques ne peuvent plus se mesurer par un tarif unique. C’est pourquoi la CSMF portera dans les mois à venir (dans le cadre conventionnel) une vision totalement différente et novatrice : une redéfinition totale de l’exercice médical », a-t-il annoncé.
    La CSMF va donc proposer une refondation tarifaire au travers de la mise en place d'une classification des consultations, en fonction de leur complexité « pour valoriser le travail et l’expertise du médecin », a précisé Jean-Paul Ortiz.
    Avec ce système, la consultation d'un patient âgé polypathologique devrait, par exemple, être mieux rémunérée que celle visant à délivrer un certificat médical ou à renouveller une ordonnance de médicaments. 

     

    La promesse de créer 50 000 emplois 

    Et pour se faire entendre, Jean-Paul Ortiz a peut-être trouvé un argument de poids. Il prétend qu'en donnant plus de moyens aux médecins, ceux-ci seront plus enclins à engager des secrétaires médicales. « Avec une enveloppe à la hauteur des enjeux, nous aurons les moyens de créer 50 000 emplois », avance ce syndicaliste. Un chiffre qui n'est pas anodin dans un contexte de crise économique et de montée constante du chômage.

    « L’exercice médical doit aussi évoluer pour que le médecin ne soit pas parasité dans son activité par des tâches administratives de plus en plus chronophages. Stop à la bureaucratie ! », a-t-il martelé.
    Selon lui, cette surcharge amdinistrative est une cause majeure de la crise profonde qu’expriment aujourd’hui les médecins et de la désaffection des jeunes générations vis-à-vis de l’exercice libéral, au profit du salariat. 
    Enfin, les annonces de rentrée des autres syndicats sont elles aussi attendues. Avec, sans aucun doute, de la surenchère dans les revendications. Elles  interveniennent dans un contexte où les élections professionnelles pour le renouvellement des représentants aux URPS des Médecins Libéraux (2) auront lieu le 12 octobre 2015.

    Le boycott à la loi de santé se poursuit

    La CMSF a maintenu son appel à la « désobéissance civile », en n’appliquant pas le tiers payant (dispense d'avance des frais) pour l’Aide à la Complémentaire Santé (ACS) instaurée au 1er juillet. « Cette mesure est trop complexe à mettre en œuvre. Nous restons favorables au tiers payant social à la discrétion du médecin », a indiqué le syndicat. Il poursuivra donc le boycott de cette mesure de Marisol Touraine  à chaque étape d’application obligatoire du tiers payant généralisé prévu pour 2017. « Le tiers payant obligatoire, la CSMF n’en veut pas et nous résisterons ! », a-t-il conclu.

    (1) Confédération des Syndicats Médicaux Français

    (2) Unions Régionales de Professionnels de Santé

     

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