Programme américain obligatoire
Fruits et légumes à l’école : les enfants les jettent souvent
Mieux vaut leur laisser le choix. Lorsque les écoliers sont forcés à prendre des fruits et légumes à midi, le gaspillage augmente de 56 %. Des produits entiers partent à la poubelle.
Les jeunes Américains n’aiment vraiment pas les fruits et légumes. Des pommes et des oranges entières dans la poubelle de la cantine : voilà ce qu’a photographié une équipe de l’université du Vermont (Etats-Unis). Pourtant, un programme fédéral oblige les écoliers à choisir un fruit ou un légume à chaque repas. Mais entre le plateau et l’estomac, le fossé reste infranchissable, d’après les résultats de l’étude publiée dans Public Health Reports.
Un programme controversé
Depuis 2012, écoliers et lycéens sont obligés de poser au moins un fruit ou un légume sur leur plateau repas. Le Congrès américain devra prochainement voter la reconduction de ce programme fédéral. Les détracteurs pointent une lacune grave : choisir un fruit, ça n’est pas forcément le manger. Sarah Amin et ses collaborateurs ont voulu vérifier cette critique. « Nous voulions savoir si demander à un enfant de choisir un fruit ou un légume entraîne vraiment une consommation, explique cette chercheuse en nutrition. La réponse est clairement non. »
Les chercheurs se sont placés tout au long de la file d’attente. Avant la caisse et après celle-ci, des appareils photos numériques ont été disposés au-dessus des plateaux et des poubelles. En 10 visites, 500 clichés ont été réalisés dans 2 établissements.
(Sally McCay/University of Vermont)
Plus de gaspillage
Le programme fédéral incite bien les écoliers à choisir davantage de fruits et légumes. Un schéma montre qu’ils sont même plus nombreux à sélectionner des produits des deux catégories. Mais ils les mangent moins et jettent davantage. Le gaspillage augmente ainsi de 56 %.
Part de plateaux avec des fruits et légumes. En gris foncé, le programme facultatif (optional), en gris clair, le programme obligatoire (required).
Mais l’équipe de nutritionnistes ne désespère pas : quelques ajustements devraient encourager les enfants à manger des fruits et légumes. Certains sont très simples. Puisque les écoliers ne consomment pas les produits entiers, peut-être faut-il les préparer : des légumes et des fruits coupés, servis avec une sauce ou mélangés, paraîtront par exemple plus attrayants. Car une étude de la même équipe l’a prouvé : les jeunes privilégient des aliments transformés tels que la pâte de tomate sur une pizza ou un jus de fruits.
Sarah Amin conseille aussi de compléter ce programme par des incitations en dehors de la cantine et au domicile. « Le message important, c’est que les recommandations doivent être complétées par d’autres stratégies qui favorisent la consommation de fruits et légumes, martèle-t-elle. Nous ne devons pas baisser les bras. » Voilà qui devrait motiver les écoles qui préparent leur rentrée.