Guinée, Sierra Leone, Libéria
Ebola : l'OMS pourrait sanctionner les pays défaillants
L'Organisation Mondiale de la Santé étudie l'éventualité de sanctions contre les pays touchés par Ebola qui ne respectent pas les règles sanitaires internationales.
- M. Didier Houssin, Président du Comité chargé d'examiner la réponse globale à l'épidémie d'Ebola, SOLAL/SIPA
Face à l'épidémie d'Ebola qui sévit en Afrique de l'Ouest depuis de longs mois, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est sous le feu des critiques. Le mois dernier, un nouveau rapport d’experts indépendants a encore chargé l’agence onusienne pour sa gestion de la crise. « Peu réactive, pas assez pédagogue » sont les mots qui reviennent à chaque fois.
Mais aujourd'hui, c'est l'OMS qui est en position d'accusateur. Elle a annoncé « étudier l'éventualité de sanctions à l'encontre des pays qui ne respectent pas les règles sanitaires mondiales, après les carences constatées dans la réponse à l'épidémie d'Ebola ».
Ainsi, l'OS a mis en place un comité chargé d'examiner la réponse globale à l'épidémie d'Ebola, très critiquée, y compris les raisons pour lesquelles autant de pays ont ignoré les règles sanitaires internationales (IHR) adoptées il y a une décennie par les 194 pays membres de l'organisation.
Un système de pénalités à l'étude
Dans des propos rapportés par l'Agence France Presse (AFP), le président de ce comité, M. Didier Houssin, a déclaré que « le manque de conscience concernant l'application de ces règles et le manque de capacité du système de santé, en particulier dans les pays africains à faibles revenus durement touchés par Ebola, pouvaient être en partie critiqués ».
Pour cette raison, l'OMS entend savoir si un système de pénalités est susceptible d'aboutir à davantage de mise en œuvre de ces règles lorsque la prochaine épidémie éclatera.
Selon M. Didier Houssin, le comité a demandé conseil au secrétariat de l'OMS, « sur les procédés de conformité pouvant être utilisés en droit international ».
« Lorsqu'on parle d'armes et d'activités nucléaires, il y a des sanctions, des contrôles et des inspections », a-t-il expliqué.
« Avec les règles sanitaires internationales, il n'y a pas de sanctions, mais nous observons qu'il n'y a pas de bon procédé de conformité », a-t-il rajouté.
M. Houssin a conclu en indiquant qu'il n'était pas convaincu par « l'efficacité d'un système de pénalités dans le secteur de la santé », tout en admettant que son comité allait étudier « la question en rapport avec la réponse apportée à Ebola. Nous sommes dans un état de crise, chacun estime qu'il faut changer quelque chose ».
La réponse des pays tardive
Enfin, pour enfoncer le clou, l'OMS a rappelé, d'après Le Parisien, que le virus Ebola avait circulé en Guinée pendant trois mois avant que le premier cas soit confirmé, en décembre 2013.
En Sierra Leone, un pays voisin où les autorités sanitaires étaient en état d'alerte, il a pu circuler pendant au moins un mois, lui permettant de prendre racine.
Selon des estimations, l'épidémie Ebola, qui a coûté la vie à 11 300 personnes en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, devrait être éradiquée d'ici à la fin de l'année.