Piste thérapeutique

Grignotage compulsif : un déficit hormonal incite à manger gras

L’envie irrépressible de manger des aliments gras peut s’expliquer par une carence en hormone GLP-1. Cibler le circuit de la dopamine serait une méthode efficace pour réguler l'appétit.

  • Par Julie Levallois
  • VIDAL/ISOPIX/SIPA
  • 27 Jul 2015
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    Manger pour le plaisir, et non plus par besoin, serait le fruit d'une anomalie cérébrale. D’après une étude menée chez la souris, une carence hormonale explique en partie la suralimentation. Les résultats, publiés dans Cell Reports, concluent que l’hormone GLP-1 (glucagon-like peptide-1) est une cible thérapeutique d’avenir.

    Le concept de faim hédonique  désigne le désir irrépressible de manger. D’après cette étude, il s’explique au moins en partie par une carence en GLP-1 dans le système nerveux central. Pour arriver à ces conclusions les chercheurs de la faculté de médecine de l'université de New Brunswick (Etats-Unis) ont étudié des souris génétiquement modifiées pour sous-exprimer cette hormone, connue pour réguler la prise d’aliments. Ces souris « ont mangé au-delà de leur besoin calorique et ont présenté un intérêt accru pour les aliments riches en graisse, explique Vincent Mirabella, co-auteur de l’étude. A l’inverse, quand nous avons accru la signalisation du GLP-1 dans le cerveau des souris, nous avons plu bloquer cette préférence ».

    Effet de la carence en GLP-1 chez la souris. A gauche, une souris carencée. A droite, une souris "améliorée". Les briques rouges représentent les aliments riches en graisse, les briques grises les aliments standard.

     

    Un circuit cérébral addictif

    L’hormone GLP-1 est très présente dans l’hypothalamus et les centres neuronaux de la récompense. On la retrouve donc dans le circuit mésolimbique, qui est impliqué dans la dépendance à plusieurs drogues, comme la cocaïne, les amphétamines ou l’alcool. Selon les chercheurs, cibler les neurones de ce circuit pourrait permettre de contrôler l’abus alimentaire.

    « La suralimentation, qui est une cause de l’obésité, peut être considérée comme une dépendance à l’alimentation, un trouble neuropsychiatrique, conclut le Pr Zhiping Pang, co-auteur de l’étude. En découvrant la façon dont le système nerveux central régule la prise alimentaire, par la signalisation du GLP-1, nous pourrions offrir une thérapie plus ciblée avec moins d’effets secondaires. » En effet, les traitements efficaces de l’obésité sont très limités. Aux Etats-Unis, un médicament injectable qui mime l’action du GLP-1 – indiqué dans le traitement du diabète de type 2 – est utilisé contre l’obésité. Mais il cible l’ensemble de l’organisme et peut avoir des effets secondaires sérieux, comme une pancréatite ou une maladie de la vésicule biliaire.

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