Paludisme, dengue, chikungunya

Une étude découvre les gènes des moustiques pour résister aux insecticides

Des chercheurs français ont identifié de nouveaux marqueurs génétiques de la résistance des moustiques aux insecticides permettant de mieux détecter ces résistances sur le terrain.

  • Par Julien Prioux
  • AP/SIPA
  • 25 Jul 2015
  • A A

    Paludisme, dengue, chikungunya, le contrôle des moustiques vecteurs de maladies humaines représente un enjeu sanitaire mondial. Leur capacité à résister aux traitements insecticides menace aujourd'hui la prévention des épidémies. Pour remédier à cela, des chercheurs français (1) ont identifié de nouveaux marqueurs génétiques de la résistance des moustiques aux insecticides. Ils pourraient, à terme, permettre de mieux détecter ces résistances sur le terrain. Ces travaux ont été publiés il y a quelques jours dans la revue Genome Research.

     

    Un ciblage bio-informatique de plus de 760 gènes 

    Ici, les chercheurs ont tout d'abord utilisé une approche originale de séquençage massif de l'ADN pour identifier les bases génétiques de cette résistance chez le moustique Aedes aegypti, proche cousin du moustique tigre et vecteur de la dengue et du chikungunya dans les zones tropicales.
    En effet, plutôt que de séquencer le génome entier du moustique, une méthode coûteuse et laborieuse, les chercheurs ont ciblé, par bio-informatique, plus de 760 gènes potentiellement impliqués dans la résistance aux insecticides.
    Après avoir analysé ces gènes par séquençage à très haut débit, les chercheurs ont déterminé que l'augmentation de l'activité des enzymes de détoxification des moustiques résistants était fréquemment provoquée par une augmentation du nombre de copies des gènes codants pour ces enzymes. Ils ont également montré que des mutations affectant ces enzymes pouvaient augmenter la biodégradation des insecticides chez les moustiques résistants.

     

    Adapter les traitements aux résistances 

    Les chercheurs ont également observé que les biomarqueurs de la résistance paraissent peu conservés selon les continents. Ces résultats suggèrent que parmi le large panel d'enzymes de détoxification acquit par les moustiques au cours de leur évolution (parfois plus de 200 gènes), la réutilisation de certaines d'entre elles par les moustiques pour résister aux insecticides chimiques dépend étroitement de l'histoire évolutive des populations, influencée par les flux de gènes entre populations et l'apparition de mutations, mais également de leur environnement, comme par exemple l'utilisation de pesticides dans l'agriculture.

    « Ces travaux représentent une avancée majeure dans la compréhension des mécanismes génétiques développés par les moustiques pour s'adapter aux insecticides et ouvrent de nouvelles perspectives pour les détecter de manière précoce, via des tests moléculaires par exemple, afin de mieux les combattre sur le terrain en adaptant de façon efficace les traitements aux différents phénomènes de résistance », affirme le communiqué de presse du CNRS.
    Dans l'attente, ces travaux ont déjà permis aux chercheurs d'initier un consortium regroupant plus de 40 pays et 10 institutions afin de réaliser la première cartographie mondiale des mécanismes de la résistance des moustiques aux insecticides. Cette initiative de grande envergure a déjà reçu le soutien de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

    (1) Du Laboratoire d'écologie alpine (CNRS/UJF/Université de Savoie Mont-Blanc), appartenant à l'Observatoire des sciences de l'Univers de Grenoble, de l'unité d'entomologie médicale de l'Institut Pasteur de la Guyane, du laboratoire Maladies infectieuses et vecteurs, écologie, génétique, évolution et contrôle (CNRS/IRD/Université de Montpellier), du pôle Rhône Alpes de bioinformatique de l'université Lyon 1 et leurs partenaires internationaux. 

    Source : Communiqué de presse du CNRS 

     

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    
    -----