Collecte mobile de l'EFS

Don du sang : les donneurs se bousculent à La Défense

REPORTAGE – D’ici fin juillet, les réserves de sang transfusable risquent d’atteindre un niveau critique. L’espoir vient des collectes mobiles, déployées sur les lieux de vacances. Celle de la Défense connaît un beau succès.

  • Par Audrey Vaugrente
  • Le chapiteau de la Défense (Audrey Vaugrente/Pourquoidocteur)
  • 21 Jul 2015
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    « On craint une baisse d’environ 25 000 poches de sang sur le territoire national d’ici fin juillet. » Pour Ahmed Slimani, Médecin responsable des prélèvements et du site Trinité (Paris) à l’Etablissement Français du Sang, la baisse estivale des réserves est une réalité concrète. La section Île-de-France de cet organisme unique en France a organisé 6 collectes mobiles dans la région. L’une d’entre elles s’est implantée sous l’Arche de la Défense (Hauts-de-Seine). Les vacanciers ne se bousculent pas, mais ce sont les employés des nombreuses sociétés présentes ici qui se succèdent sur la quinzaine de lits de la salle de prélèvement. Reportage sous ce chapiteau très fréquenté.

    170 donneurs chaque jour

    La collecte mobile de la Défense est posée à quelques mètres de l’Arche. Sur l’esplanade, la température frôle les 30 °C. « Vous avez entre 18 et 70 ans, vous pesez plus de 50 kilos ? » En pleine chaleur, une animatrice harangue les passants et les invite à donner leur sang. Sous la tente, plusieurs climatiseurs rafraîchissent les nombreuses personnes venues donner leur sang. Dès l’entrée, des collations sont proposées aux imprudents qui seraient venus à jeun.

    De 13 à 14 heures, pause déjeuner oblige, le chapiteau est victime de son succès : les donneurs forment trois files d’attente. L’une est destinée à la mesure de l’hémoglobine, la deuxième aux entretiens pré-don, la troisième au prélèvement. Plusieurs donneurs s'y perdent. Entre les lits, les médecins s’activent pour ne pas faire perdre de temps aux volontaires. La tâche est ardue : chaque jour, ils voient défiler 170 personnes. Exactement l’objectif fixé pour cette collecte. Pour Ahmed Slimani, c’est un motif de satisfaction. En effet, l’enjeu est de taille puisque les réserves s’amenuisent durant la période estivale.

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    Dr Ahmed Slimani, Médecin responsable du site Trinité (Paris) : « Cette année, le manque de donneurs a été accentué par la canicule. On risque de manque de produit d’ici le mois d’août. »

    Don estival : des précautions à connaître

    Durant les mois de juillet et d’août, l’Etablissement Français du Sang (EFS) va à la rencontre des donneurs. Certaines collectes se déplacent sur les lieux de villégiature. Récolter sur les plages, « c’est plus compliqué », reconnaît Ahmed Slimani. Principalement parce que les donneurs préfèrent accomplir ce geste au retour des congés.

    En vacances ou pas, certaines précautions sont à respecter. Les voyageurs revenant de régions associées à une contre-indication temporaire – comme les zones touchées par le paludisme, le chikungunya ou le virus du Nil – doivent patienter avant d’effectuer un don. « Mais ces donneurs peuvent quand même donner du plasma », rappelle Ahmed Slimani. « Les gens ne savent pas forcément que, selon les pays de vacances, si le don du sang est ajourné, le don de plasma est possible – sous réserve qu’ils soient éligibles. »

    « Hydrater le donneur »

    L’été, c’est aussi l’occasion de recruter de nouveaux donneurs. « Sur cette collecte, la majorité des donneurs viennent régulièrement, reconnaît le Dr Slimani. Mais on a aussi de nouveaux donneurs qui se présentent spontanément pour offrir leur sang. » C’est le cas d’Anne-Claire, qui vient d’effectuer son premier don. Bandage au bras et sourire aux lèvres, elle respecte scrupuleusement le temps de repos après le prélèvement : 10 minutes.

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    Anne-Claire, nouvelle donneuse : « Mon frère m’a dit qu’il y avait une collecte mobile. Je ne travaille pas aujourd’hui, donc j’avais le temps. »

    La température extérieure n’inquiète pas Anne-Claire. Théophane non plus ne se fait pas de souci. Allongé sur son brancard, aiguille dans le bras, il hausse vaguement les épaules. « Quelle que soit la météo, le don ne me dérange pas. Ce n’est pas une préoccupation, affirme ce donneur qui a profité de sa pause déjeuner. Ce qui me motive, c’est le principe de partager et de sauver des vies. » Jean-Baptiste, qui prend également sur sa pause de midi, adopte la même position.

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    Jean-Baptiste, donneur pour la 3e fois : « Effectivement, il fait plus chaud, donc on fait plus attention. Mais en buvant bien, il n'y a aucun problème. »

    De fait, la chaleur n’est pas une contre-indication au don du sang. Simplement, « il est important d’hydrater le donneur », insiste Ahmed Slimani auprès de ses collègues. Ce message, tous les donneurs se l’entendent répéter avant et après le don. Un médecin rattrape même une donneuse qui tente de s’esquiver sans prendre de collation et lui impose de finir une bouteille d’eau. Et tant pis pour les envies de pipi dans le métro !

    Passées 14 heures, le chapiteau est moins bondé, mais les lits restent bien remplis. Un deuxième pic d’affluence est à prévoir au moment de la sortie des bureaux.

    Un don en 6 étapes

    Avant de donner son sang, plusieurs étapes doivent être respectées. Chaque donneur doit remplir un questionnaire pré-don dans lequel sont inscrites des questions précises sur l’état de santé, les pratiques à risques et les voyages. Des infirmières vérifient ensuite le dossier de chacun d’entre eux et un médecin vérifie le taux d’hémoglobine. Si tout va bien, un entretien pré-don est organisé avec un médecin qui approfondit les interrogations du questionnaire. Commence alors la phase du prélèvement, qui dure environ 10 minutes selon le débit sanguin. Avant de quitter la collecte, le donneur est invité à prendre une collation – au minimum une bouteille d’eau de 500 ml. Au total, il aura consacré trois quarts d’heure à ce geste citoyen.

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