Retard de commercialisation du Sativex
Sclérose en plaques : un malade en grève de la faim pour obtenir du cannabis thérapeutique
Afin d'apaiser les douleurs liées à sa sclérose en plaques, un patient réclame le droit d'utiliser un médicament dérivé du cannabis. Pour obtenir gain de cause, il ne s'alimente plus depuis 8 jours.
Il y a quelques jours, Pourquoidocteur révélait que les négociations autour du Sativex, médicament antidouleur dérivé du cannabis, avaient abouti à un échec. A cause d'un désaccord sur le prix entre le laboratoire fabricant (Almirall) et le CEPS (1), l'avenir de ce traitement en France est plus que jamais incertain. Une situation de blocage qui pénalise les patients trouvant un bénéfice dans le cannabis médical.
A la tête de la fronde, on trouve Laurent Puisais, atteint d'une sclérose en plaques évolutive depuis vingt ans, et en fauteuil roulant depuis dix ans. Ce malade a entamé une grève de la faim pour réclamer le droit d'atténuer ses douleurs en utilisant du Sativex, médicament en spray qui diffuse des molécules actives du cannabis, les cannabinoïdes. « C'est mon huitième jour, mais ce combat a commencé il y a longtemps et il va être encore long », promet-il dans Le Figaro santé.
En 2011, l'homme avait en effet écrit au procureur de la République de Poitiers pour demander à bénéficier du produit, et à consommer légalement du cannabis à des fins thérapeutiques. Il s'était vu essuyer un refus, puis avait entamé sa première grève de la faim en décembre 2012. Elle avait duré deux semaines.
Des utilisateurs convaincus
Pour justifier son combat, Laurent Puisais a raconté au quotidien les effets bénéfiques qu'il ressent après la prise de ce médicament. « C'est pratiquement instantané, on n'a plus de courbatures, et au bout de quelques minutes, on ressent une grande détente. Et on a une meilleure capacité respiratoire, même avec un seul poumon. Aucun autre médicament ne produit cet effet. Et c'est un excellent antidépresseur », affirme-t-il.
L'Agence européenne du médicament pour la commercialisation
Côté autorités sanitaires, l’Agence européenne du médicament (EMA), s'est positionnée pour une commercialisation du Sativex. Elle a écrit dans le passé qu'il était indiqué pour le traitement des « spasticités modérées à sévères », à savoir les contractures involontaires et douloureuses chez des patients souffrant de sclérose en plaques qui découlent des lésions nerveuses entraînées par la maladie. Grâce à cette indication, le produit est déjà commercialisé dans 17 pays européens (Royaume-Uni, Allemagne...).
En France, Marisol Touraine avait autorisé par un décret du 5 juin 2013 que des médicaments dérivés du cannabis fassent l’objet d’une demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM). La ministre de la santé avait annoncé en janvier 2014 l'AMM du Sativex pour les personnes atteintes de SEP.
La HAS pas convaincue
Dans ce contexte favorable au Sativex, des résistances subsistent toutefois. « Compte tenu des réserves émises sur le niveau de preuve des études réalisées et de la faible quantité d’effet observée », la Haute Autorité de Santé (HAS) a pour sa part considéré que le médicament n’apportait pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR V, inexistante).
Du fait de cette absence de preuves scientifiques, elle a aussi jugé le service médical rendu (SMR) par le Sativex comme « faible ».
Des freins qui n'ont visiblement pas découragé cet habitant de La Puye (Vienne). Laurent Puisais vient en effet d'annoncer dans la presse qu'il allait créer son association, « S.E. Possible », en référence à la sclérose en plaques (ou SEP) dans le but de promouvoir l'usage du Sativex ainsi que les régimes alimentaires adaptés aux malades, qui aident à diminuer les effets de la maladie.
« Ce combat, je ne le fais pas que pour moi. Je le fais pour tous les handicapés. Quand on est seul et sans force, on ne voit que le côté obscur », conclut-il dans Le Figaro Santé.
(1) Comité Economique des Produits de Santé