Un commissariat en mauvais état

Tuberculose : deux policiers victimes à Asnières-sur-Seine

Deux policiers d'Asnières-sur-Seine ont contracté la tuberculose à quelques mois d'intervalle. L'absence de mesures préventives et l'insalubrité du commissariat sont pointées du doigt. 

  • Par Anne-Laure Lebrun
  • POL EMILE/SIPA
  • 09 Jul 2015
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    Deux policières du commissariat d’Asnières-sur-Seine dans les Hauts-de-Seine ont contracté la tuberculose, a révélé Le Point ce mercredi. Deux cas déclarés à quelques mois d’écart en toute discrétion. L’insalubrité des locaux serait mise en cause.

    Nos confères indiquent que le premier cas a été déclaré le 26 mars. Une fonctionnaire de police d'une trentaine d'années a soudainement été prise de violentes quintes de toux et s’est mise à cracher du sang, racontent-ils. Prise en charge par l’Institut Hospitalier Franco-Britannique de Levallois-Perret, la policière apprend alors qu’elle est porteuse du bacille de Koch, la bactérie responsable de la tuberculose.
    Pour les médecins, la jeune femme n’est pas contagieuse. Ses collègues n’ont donc pas besoin de réaliser des tests de dépistage et le traitement préventif n’est pas nécessaire, selon ces derniers.

    Ne pas faire de bruits

    Comme le prévoit la loi, l’hôpital a déclaré le cas du tuberculose aux autorités. L’Agence régionale de Santé (ARS) d’Ile-de-France et le Centre de lutte antituberculeuse (CLAT) du département ont donc été mis au courant. Mais ce n’est qu’un mois après, fin avril, que les 13 fonctionnaires de police en contact avec la jeune femme ont été auscultés par un médecin du CLAT du 92, rapporte Le Point. Selon le témoignage d’un policier, là encore, le traitement préventif leur est refusé. On leur recommande de passer une radio des poumons et de faire une prise de sang.

    Par peur que l’histoire s’ébruite, la hiérarchie ordonne aux fonctionnaires de garder le silence. Un policier raconte que l’un des arguments avancés est financier, les tests de dépistage coûtant trop cher… Aussi, aucune mesure de prévention n’a été prise au commissariat d’Asnières-sur-Seine. Des manquements qui ont pu mener au second cas, déclaré le 2 juillet. Des analyses sont en cours pour savoir si la jeune femme de 34 ans a contracté le même germe que sa collègue. Un troisième cas est également suspecté.

    Insalubrité

    Pour expliquer l’apparition de la maladie dans l’unité, les policiers dénoncent l’insalubrité du commissariat. L’un d’eux raconte qu’il n’y a ni savon ni gel hydroalcoolique pour se laver les mains. Une absence déjà signalée dans un rapport de 2010 du contrôleur général des lieux de privation de liberté. Dans ce dernier, on apprenait le mauvaise état des toilettes utilisées par les fonctionnaires, l’inexistence de kits d’hygiène pourtant réclamés. « Nous effectuons des demandes récurrentes pour être équipés sanitairement. Il faut se battre pour avoir ne serait-ce que des gants en plastique et des masques », explique Emmanuel Cravello au journal Le Point.

    Un manque cruel d’un minimum d’hygiène, alors que les policiers sont confrontés à des populations à risque, certaines, originaires de pays pauvres où la tuberculose sévit encore, comme l’Afrique ou l’Europe de l’Est. Selon plusieurs fonctionnaires, leurs collègues auraient pu contracter la tuberculose après plusieurs missions dans un camp de Roms installé à Asnières.

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