Epidémie mondiale

Tabac : l’OMS appelle les Etats à augmenter les taxes

L'Organisation Mondiale lance un appel pour que tous les gouvernements augmentent les taxes sur les paquets de cigarettes, une mesure à la fois efficace et rentable.

  • Par Marion Guérin
  • PFG/SIPA
  • 07 Jul 2015
  • A A

    « La hausse des taxes sur les produits du tabac est l’un des moyens les plus efficaces et les moins coûteux de réduire la consommation de produits qui tuent, tout en générant des revenus substantiels ».

    C’est à travers ce constat que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) lance un appel à tous les pays du monde afin d’endiguer « l’épidémie mondiale de tabac », à laquelle l’Agence vient de consacrer un rapport. Simple, efficace et rentable, la hausse des taxes sur le tabac constitue l’une des solutions les plus évidentes pour lutter contre le tabagisme. Et pourtant, de très nombreux pays rechignent à la mettre en œuvre.

    Le poids écrasant des lobbies

    « Trop peu de gouvernements prélèvent des taxes à un niveau suffisamment élevé sur les cigarettes et les produits du tabac », déplorent ainsi les auteurs du rapport. La raison ? Le trafic d’influence des cigarettiers, qui parviennent encore, en 2015, à édicter les législations des Etats.

    « J’invite tous les gouvernements à examiner les données factuelles, pas les arguments de l’industrie, et à adopter l’une des meilleures options politiques gagnant-gagnant à la disposition du secteur de la santé », enjoint ainsi Margaret Chan, Directeur général de l’OMS.

    Sur l’ensemble des pays représentés au sein de l’OMS, seuls 33 prélèvent des taxes représentant plus de 75 % du prix de vente au détail d’un paquet de cigarettes. Ces pays ne représentent que 690 millions de personnes…
    En fait, de très nombreux Etats conservent des taux de taxation extrêmement bas. « Certains n’ont même instauré aucune taxe spéciale sur les produits du tabac », déplore l’agence onusienne.


    Carte des « bons élèves » en matière de taxation sur les produits de tabac : Belgique, Bosnie Herzégovine, Bulgarie, Chili, Croatie, Chypre, République Tchèque, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Israël, Italie, Jordanie, Kiribati, Lettonie, Lituanie, Madagascar, Monténégro, Nouvelle Zélande, Pologne, Roumanie, Serbie, Seychelles, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Turquie, Royaume-Uni, bande de Gaza. 

     

    Réduction de la consommation

    « Des données probantes en Chine et en France montrent que la hausse des prix des produits du tabac associée à l’augmentation des taxes entraîne une baisse de la prévalence du tabagisme et des effets néfastes associés, tels que les décès par cancer pulmonaire », écrivent encore les auteurs du rapport.

    De fait, la hausse du prix du tabac influe directement sur la demande. Les jeunes – collégiens lycéens et étudiants – y sont particulièrement sensibles, eux qui ne disposent pas ou peu de revenus. Tous les spécialistes des addictions sont unanimes : les mesures de prévention doivent s’accompagner de cette forte taxation.

    En France, c’est d’ailleurs cet argument qui les a poussés à critiquer le dernier plan anti-tabac, qui ne comprend pas de hausse du prix. Bien qu’au sein du rapport de l’OMS, l’Hexagone soit désigné en tant que bon élève, de l’intérieur, on s’aperçoit que le lobbying y reste très puissant.

    « Toutes les tentatives de l’industrie pour interférer sur les politiques liées au tabac peuvent être contrées, à condition qu’elles soient identifiées et régulièrement surveillées », expliquent encore les auteurs du rapport. A condition que chaque Etat y mette du sien.


    Crédit photo : Rapport 2015 sur l'épidémie mondiale de tabac - OMS

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