Colère d'un père de famille
Cytomégalovirus : un virus répandu mais peu dépisté
Un message de colère d’un père sur les réseaux sociaux a relancé la question sur le dépistage du cytomégalovirus chez les femmes enceintes.
« Excusez-moi par avance, mais ce texte va comporter quelques gros mots (je vous invite tout de même à le lire). Il y a 5 ans, jour pour jour, Aubin, mon fils, mourait dans mes bras ».
C’est ainsi que commence le message de Yann Champion sur son compte Facebook. Ce père de famille français, traducteur pour le Slate.fr, a souhaité partager sa colère et son désespoir, après avoir perdu, son bébé, âgé de cinq semaines, atteint du cytomégalovirus (CMV) qui n'avait pas été dépisté au moment de la grossesse de sa compagne.
Ce mercredi, il explique dans une tribune, publiée sur Slate, « l’avoir écrit d’une traite, sur le coup de la colère. Bien entendu, j’étais loin de m’imaginer un tel effet boule de neige ». Son message a, en effet, été partagé plus de 182 000 fois sur le réseau social américain.
Des lésions très graves pour le fœtus
Surdité, cécité, paralysie cérébrale, handicap mental ou physique, voire décès. Les conséquences du CMV peuvent être dramatiques. C'est le virus le plus souvent transmis de la mère à l’enfant à naître, bien plus que la trisomie 21, la toxoplasmose ou le Spina bifida. Cette infection est très fréquente chez les enfants placés en crèche, en effet, plus de la moitié de la population l’aurait déjà contracté et serait donc immunisé.
Le CMV, qui se transmet essentiellement par les fluides (urine, salive, larmes, mucus), a des symptômes proches du rhume. Chez les femmes enceintes, qui contractent l’infection (souvent par l’intermédiaire de ses propres enfants), le risque de le transmettre à leur bébé est très important.
« Les femmes en contact avec des enfants (puéricultrices, crèches, institutrices) sont donc particulièrement à risque et un statut sérologique CMV en début de grossesse doit être pratiqué », souligne l’association Chanter, Marcher, Vivre, sur son site internet. « 1 à 3 % des femmes s'infectent en cours de grossesse et l'infection est transmise au fœtus dans 40 à 50 % des cas. Le risque fœtal est majeur en début de grossesse et l'infection le plus souvent asymptomatique », précise l’association.
C’est dans ces conditions que Yann Champion a perdu son bébé. Il regrette que personne ne l’ait prévenu des risques, ni même de ce qu’est le cytomégalovirus. En effet, son fils avait contracté le CMV pendant la grossesse et « les échographies n'avaient rien montré », explique le père de famille.
1 enfant sur 750 contaminé
« Il s’agit de l’infection fœtale congénitale (transmis de la mère à l’enfant à naître) la plus fréquente dans les pays développés: 1 enfant sur 750 naît avec des séquelles du CMV (ou en développe dans son enfance) », rappelle l'association.
Une enquête de l’Institut national de Veille Sanitaire de 2011 et publiée sur son site en janvier 2015, démontrait que « le dépistage du CMV a été réalisé pour 24,6% des femmes pour lesquelles l’information était disponible », c'est-à-dire pour celles qui en avaient entendi parler. En Belgique, le CMV est dépisté automatiquement chez les femmes enceintes, comme la toxoplasmose.
« Si vous êtes enceinte, je vous en supplie, informez-vous sur le CMV et n'hésitez pas à faire CHIER votre gynéco pour faire un dépistage », écrit Yann Champion en conclusion de son message, avant de s’excuser : « et encore désolé pour les gros mots ».
Le hashtag #STOPCMV a été lancé sur Twitter pour pouvoir parler de cette infection et surtout la faire davantage connaître.